Tapa et textiles d'Océanie

Nouvelles vitrines sur le Plateau des collections

Contenu

De nouvelles vitrines sur le Plateau des collections mettent à l'honneur textiles et étoffes d’écorce battue issues d’ ‘Uvea (Wallis), Futuna et Tahiti, dans le Pacifique.

Les vitrines en images

Salatasi, étoffe d’écorce battue (Wallis et Futuna, Futuna)

Cartels détaillés

Salatasi, étoffe d’écorce battue

À ‘Uvea (Wallis) et à Futuna, il existe plusieurs types d’étoffes d’écorce ou tapa. Leur nom nous renseigne parfois sur la fabrication ou sur l’usage de ces objets à forte valeur identitaire. Les salatasi sont de étoffes d’usage vestimentaire, caractéristiques de l’île de Futuna. De dimensions modestes, ils s’enroulaient autour de la taille et formaient un pagne simple. Les salalua et salatolu, moins bien  identifiés dans les collections muséales, permettaient respectivement un enveloppement double ou triple. Ils étaient réservés aux personnages de haut rang de la société futunienne. On reconnaît ici un motif en hélice fréquent dans l’art de la région et qui trouve son origine dans les productions anciennes que les navigateurs de langues austronésiennes emmenèrent avec eux lors des voyages de peuplement. Ces derniers atteignirent ‘Uvea et Futuna au cours du premier millénaire avant notre ère.

  • Wallis et Futuna, Futuna
  • Artiste(s) inconnue(s)
  • 19e ou début du 20e siècle
  • liber de mûrier à papier battu (Broussonetia papyrifera), pigments naturels
  • Don M. Laportaire ou Lapotaire au musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1922
  • 71.1922.12.46

Vêtement cérémoniel

Depuis le milieu du 19e siècle, le décor des tapa d’‘Uvea et de Futuna n’a cessé d’évoluer sous l’influence des Européens, y compris des missionnaires, mais aussi au gré d’échanges avec d’autres îles de la région. On note l’introduction de nouveaux matériaux, l’élaboration de nouvelles techniques et l’incorporation de nouvelles iconographies. La façon dont les motifs se déploient sur les étoffes se transforme également. Ce tapa reflète ces mutations, différent dans sa composition et dans les couleurs utilisées des tapa plus anciens. Il s’agit vraisemblablement d’un vêtement cérémoniel, porté autour de la taille, le bord découpé en dents de scie vers le bas.

  • Wallis et Futuna, ‘Uvea
  • Artiste(s) inconnue(s)
  • Début du 20e siècle
  • liber de mûrier à papier battu (Broussonetia papyrifera), pigments
  • Don Pierre Bellot au musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, en 1980
  • 72.1980.4.21

Lafi, étoffes d’écorce battue

Les lafi sont de longues bandes d’étoffe d’écorce d’usage vestimentaire caractéristiques de l’île de Futuna. Ils couvraient autrefois les parties génitales ou barraient le torse des hommes qui les portaient en ceinture ou en écharpe. Aujourd’hui, tous les tapa produits à ‘Uvea et à Futuna sont décorés de motifs, transférés sur les étoffes à l’aide de matrices appelées kupesi (‘Uvea) ou kupeti (Futuna) ou bien réalisés à main levée comme ici. Jusqu’au début du 20 e siècle, on recense pourtant des tapa blancs, dont les lafi tea portés uniquement sur le haut du corps, y compris sans doute autour de la tête à la manière de turbans. Il s’agissait vraisemblablement de tapa particulièrement  prestigieux et de marqueurs de rang comme on en connaît ailleurs en Polynésie occidentale. On retrouve sur les deux étoffes présentées ici le motif quadrillé noir caractéristique des tapa de Futuna, aujourd’hui fréquemment réalisé à l’encre de Chine.    

  • Wallis et Futuna, Futuna
  • Artiste(s) Inconnue(s)
  • 20e siècle
  • liber de mûrier à papier battu (Broussonetia papyrifera), pigments
  • Achat du musée de l’Homme en 1985, ancienne collection Lebas – 71.1985.84.1
  • Don Francis Mamet au musée du quai Branly Jacques Chirac – 70.2008.62.2

 

Gatu, étoffe d’écorce battue

À ‘Uvea, comme ailleurs en Polynésie occidentale, de grandes étoffes d’écorce battue (gatu) comptent parmi les biens cérémoniels les plus importants. Elles sont réunies et échangées, parfois en grand nombre, au moment des naissances, des mariages et des funérailles, ainsi qu’en d’autres  circonstances officielles liées à la vie de la communauté. Œuvre collective des femmes qui procèdent à toutes les étapes de leur fabrication, elles sont d’abord présentées entières puis découpées avant d’être redistribuées. Leur valeur est proportionnelle au nombre de coudées (lalaga) qu’elles comportent, facilement mesurable grâce à la graduation qui figure sur les bordures. Sur cette étoffe qui se trouvait autrefois dans l’atelier du peintre Henri Matisse, on reconnaît des noms propres, dont celui du village de Ha‘afuasia, qui ont sans doute un lien avec la circulation cérémonielle de l’étoffe.

  • Wallis et Futuna, ‘Uvea
  • Artiste(s) inconnue(s)
  • Première moitié du 20e siècle
  • liber de mûrier à papier battu (Broussonetia papyrifera), pigments naturels
  • Ancienne collection Henri Matisse (1869-1954), artiste peintre ; Don Jean-Mathieu Matisse et Anne-Maxence Vérel-Matisse (2011) au musée du quai Branly - Jacques Chirac – 70.2011.11.1

Tifaifai (tissu appliqué)

La production de tifaifai, ou tissus appliqués, se développe suite à l’arrivée des femmes missionnaires et de la cotonnade en Polynésie à l’extrême fin du 18e et au début du 19e siècle. À Tahiti comme aux îles Cook, cette tradition s’est depuis solidement ancrée dans l’artisanat local. Les tifaifai ont désormais une valeur économique et culturelle importante et leur production revêt depuis quelques  décennies une dimension compétitive. Les expertes rivalisent de prouesses pour créer des pièces qui perpétuent et renouvellent la pratique. Les patrons utilisés pour la confection des motifs sont propres à chaque artiste.  Objets de mémoire au sein des familles, ils jouent un rôle dans l’ameublement des habitations et dans les échanges. Beaucoup sont destinés à la vente. Virginie Biret est l’une des plus grandes expertes de la réalisation de tifaifai à Tahiti aujourd’hui. Elle a ici découpé le motif principal évoquant la fleur de tiare dans du drap de coton blanc, puis l’a cousu à la main sur un fond rouge. Il faut deux à trois semaines pour confectionner un tifaifai pa‘oti (découpé) comme celui-ci.