I Gusti Nyoman Darta Rites et festivals à Bali

Du 5 mai au 11 septembre 2023

Contenu

Exposition monographique de dessins réalisés par l’artiste balinais I Gusti Nyoman Darta (entre 1980 et 2012 environ).

Du 5 mai au 11 septembre 2023

I Gusti Nyoman Darta est un artiste balinais, né vers 1951 au Banjar Taman Kelod, un quartier d’Ubud, un des centres artistiques de Bali. Il vit actuellement à Campuan (Ubud) où il est toujours actif. Sa famille fait partie de la petite noblesse, caste wesya, rattachée à un palais d’un des princes d’Ubud où il a passé, à leur service, une grande partie de sa jeunesse, s’imprégnant des mythes et rites de la tradition palatiale, encore à l’époque le cœur battant de la culture locale.

Son grand-oncle, I Gusti Nyoman Lempad (1862?–1978), le plus célèbre artiste balinais du 20e siècle, lui a transmis par méditation son talent (taksu) et son style : des dessins à l’encre de Chine, rehaussés de petites touches de vermillon (kincu) et d’appliques de feuilles d’or (perada), décrivant des scènes de la vie quotidienne, les cérémonies et les rites et d’autres scènes extraites des contes et légendes hindouistes.

Darta est aussi sculpteur, architecte de temples hindou-balinais (undagi), enseignant (guru), guérisseur traditionnel (balian) et chef cuisinier lors de cérémonies liées au palais. Sur la sollicitation de Georges Breguet et celle de Jean Couteau, depuis les années 1980 et durant une vingtaine d’années, Darta a dessiné des dizaines de scènes, retraçant la vie d’une jeune noble, de sa conception à sa déification. Il a aussi dessiné les principales cérémonies des deux calendriers en vigueur à Bali. L’ensemble de ces dessins, une soixantaine, ont illustré le livre "Time, Rites and Festivals in Bali" publié en 2013 et dont les cartels des dessins sont issus.

Ces dessins ont été acquis par le musée du quai Branly - Jacques Chirac en 2020 et 2021.

  • Commissaire de l’accrochage : Constance de Monbrison, chargée de collections Insulinde, Unité patrimoniale Océanie-Insulinde, avec la contribution de Tania Maulana.

L'accrochage en images

Prises de vues de l'accrochage en boite arts graphiques "I Gusti Nyoman Darta Rites et festivals à Bali" du 5 mai au 11 septembre 2023

Cartels détaillés

A Bali, la fin du cycle de la vie terrestre s’accompagne d’étapes codifiées qui ouvrent les nouveaux cycles de l’âme. Les deux types de composants de la personne – les cinq éléments d’une part, et l’âme incarnée de l’autre – apparus au moment de la conception, retournent à leurs origines respectives. Ils doivent être séparés. Le corps physique (stula sarira) finira dans la partie basse de ce monde, dans la mer, pour éventuellement fusionner dans les 5 éléments. L’âme (sukma sarira) est attendue pour rejoindre les forces spirituelles, dieux et ancêtres, et accompagner les déités qui habitent symboliquement les pics montagneux.

Chaque dessin narre un rituel et montre avec précision ce qui se joue ici-bas et au-delà avec l’irruption des dieux dans la vie de tous les jours. I Gusti Nyoman Darta nous invite à observer les détails pour plonger dans cet univers où les dieux s’invitent et où les humains s’accordent au respect de la grande roue cosmique.

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Une femme vient juste de mourir. Sa famille commence le deuil calmement pour ne pas perturber le voyage de l'âme de la défunte qui plane encore autour du corps. Une offrande sanggah urip est disposée près du corps comme siège symbolique. En présence du corps, le chagrin ne doit pas s'exprimer : "ne laisse pas les larmes toucher le corps, de peur que le défunt ne trouve le chemin qui mène au ciel glissant".

 

Le dernier souffle

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Le premier rite consacré au défunt sera celui du bain du corps (manyusang). Il est mené par les proches du défunt assistés d’un prêtre. Les proches participent à la toilette, au massage avec des huiles, à la mise en forme et à la mise en place de parfums. Les amis intimes peuvent se joindre à cette étape. La toilette du corps se fait avec un bassin d'eau gorgé de fleurs à côté duquel se trouve la nourriture symbolique pour la défunte, qui sera à la fin du rite placée sur le sol et qui rejoindra la déesse de la terre Perwiti. Deux offrandes adressées aux démons (buta), une noix de coco qui brûle tekepan et une offrande segehan, sont posées sur le sol. A la gauche du corps, un Brahman non-ordonné, wulaka, officie. Il asperge d'eau bénite le visage de la défunte tout en récitant un mantra. Une pièce de tissu ornée de syllabes sacrées est placée sur l'aine de la défunte. Ce tissu sera déposé par une femme si la personne décédée est une femme. Si c'est un homme, le tissu sera placé par un homme. Le textile qui surplombe la scène est un leluhur symbole du monde ancestral que l'âme s'apprête à rejoindre.

 

Le bain du corps

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Un lampion est situé à l'extrême droite de la scène. Sur le corps, avec une petite lampe à huile qui brûle dans un oeuf vide, on trouve le angenan qui symbolise la présence de l'âme. L'huile est obtenue par l'intermédiaire d'un prêtre. Le pengawak, symbole du corps, est tenu par l'homme debout à droite. Il sera plus tard placé à côté du corps. D'autres offrandes sont ici présentes qui ont chacune une fonction spécifique. A gauche, le feu tabunen doit être entretenu durant tout la durée de l'exposition du corps. Près du feu, un panier de fruits nourrit symboliquement le corps. Un grand bassin contient du riz qui absorbera les fluides qui s'échappe du corps. Les offrandes attachées aux piliers près de la tête de la femme sont les gardiennes de la vie sanggah urip.

 

Le repos du corps

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Les hommes préparent le palanquin sur lequel le corps, ou une effigie, prendra place au niveau supérieur. Au pied, une offrande santun penjejer, signale que la construction est en cours. On aperçoit à l'extrémité de la structure la tête d'une oie. Cet animal symbolise la sagesse car il peut trouver sa nourriture et survivre dans de l'eau boueuse, tout comme une personne sage peut le faire. D'autres motifs animaliers qui représentent le monde intermédiaire viennent orner le palanquin : la tête d'un éléphant, la tête d'un corbeau, et des motifs de fougères.

 

Préparation du palanquin pour la crémation

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Le type de sarcophage dépend du statut social du défunt et du prêtre qui officiera. Souvent ce sont des buffles ou des vaches, véhicules du dieu Siwa. Le sarcophage, construit par la famille, sera le véhicule d'un défunt de haute caste lors de sa crémation. En plus du sarcophage, la famille se charge de réaliser de multiples offrandes qui accompagneront le défunt dans son voyage dans le « vieux pays » des ancêtres. La plupart d’entre elles sont faites de matériaux périssables, des fibres, des noix de coco, des bambous, des coquillages.

 

Préparation du sarcophage

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Un palanquin simple est porté par les hommes du clan. A gauche, une femme tient une lance (tulup) qui ouvre la route aux âmes libérées. Contre son sein, elle porte un pangawak qui symbolise le corps. Sur le palanquin, un héritier légal brandit un oiseau de paradis farci, symbole du ciel, et libère un poulet. Un autre homme se tient près du corps. Des vêtements sont accrochés au parasol. Généralement, un long tissu blanc (lancingang) est déployé et tenu sur les côtés par la famille du défunt.

 

Déplacement du palanquin

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Le sarcophage est placé sur une structure de bambou. Avant de procéder à la mise en feu, le corps du défunt a été transferé du palanquin à l’intérieur du sarcophage-buffle. La famille aura placé sur la tête du défunt ou de son effigie un textile qui enveloppe dix lettres sacrées correspondant aux différentes parties du corps. Le corps aura été aspergé d’eau sacrée à plusieurs reprises pour le purifier des impuretés de la vie et faciliter son passage dans le monde souterrain. Juste sous le sarcophage-buffle on remarque l'offrande faite à la déesse de la terre Perwiti. Après cela le sarcophage est refermé et le prêtre allume le feu à l’aide d’une torche.

 

La crémation

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

L'homme figurant au milieu du dessin broie les os restant après la crémation assisté de deux femmes de la famille du défunt. Sous le banc, on remarque le bassin qui a servi au nettoyage des os. Des offrandes et de l'encens sont actifs afin d'éloigner les influences négatives. La structure en bambou est un sanggar tawang, adressé au dieu du soleil Surya. A gauche, deux petites figurines, mâle et femelle, sont des navigateurs ainsi qu'une petite embarcation. Ils vont accompagner l'âme et ses restes dans le nouveau royaume du mort. Le bateau contenant les cendres sera libéré dans la mer ou dans une rivière. Dans la tradition balinaise, il est dit que l'âme, non encore délivrée, est confiée au dieu de la mer, Baruna. D'autres disent aussi que c'est dans la mer que se déroulent les tortures de l'enfer.

 

Broyage des os après la crémation

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Un groupe de personnes, avec à sa tête un prêtre pemangku, recueille de l'eau sacrée qui s'écoule du bambou placé à l'embouchure du rocher. Deux femmes portent des paniers d'offrandes sur leur tête. Le dernier homme porte de longues sections de bambou à l'intérieur desquelles on a inséré des pièces en compensation pour les dieux au cas où certaines offrandes viendraient à manquer. Devant cet homme, une tête de canard sort d'un panier. Il symbolise l'oiseau mythique Garuda dans sa quête de l'eau immortelle, l'amerta.

 

L’eau sacrée

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

Le rite de circumambulation a lieu dans les familles royales après les crémations. La vache blanche, qui rappelle Nadini, est une vache sacrée véhicule du dieu Siwa. C'est la raison pour laquelle ses cornes sont peintes en doré. En tête de la procession un homme de la famille tient une lance en bambou (tulup) qui est censée ouvrir la voie du ciel (Sunizloka). Une corde tricolore (tridatu), symbole de la trinité hindoue, lient les personnes entre elles. Le jeune garçon qui tient les rênes de la vache symbolise le bouvier, l'incarnation de Siwa dans les histoires classiques balinaises, Rare Angon. La vache et le bouvier guident l'âme vers son nouveau statut de dewa pitara ou dewa hyang.

 

Le rite circumambulation

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu) sur papier

La cérémonie nyekah se déroule environ 12 jours après la crémation. Elle consiste à répéter le rite de la crémation afin d'aider l'âme à se séparer totalement du corps. Pour ce faire, un prêtre va rappeler l'âme pour qu'elle vienne se loger dans une effigie qui, aspergée d'eau bénite, deviendra la résidence provisoire de l'âme du défunt et l'aidera à son changement de statut pour devenir une âme divinisée. La cérémonie qui consiste à libérer dans la mer les effigies sekah est similaire à celle qui s'effectue après la crémation, excepté pour la structure de bambou sur laquelle l'effigie sekah se trouve. Les proches du défunt portent des turbans blancs, accompagnent les effigies à la mer et les confient à l'eau.  Sur ce dessin on distingue plusieurs sekah, sur la tête d'une femme dans le bateau, et sur le sommet de la structure de bambou. Le nombre d'effigies montre que ce rituel peut être réalisé collectivement. La structure de bambou bengku est ornée des motifs similaires à ceux que l'on trouve sur la tour de crémation : la tortue cosmique, le dragon naga. La scène se déroule à Sanur comme le précise l'inscription sur la voile.

 

La cérémonie nyekah

Encre de Chine, rehauts de feuille d’or, pigment rouge (kincu), aquarelle sur papier, circa 2000

Ces dessins représentent chacun une version, masculine et féminine, de ce que les balinais appellent les « quatre frères/sœurs » qui accompagnent la naissance de tout humain.
Ces quatre frères et sœurs sont :

  • sang anta preta, le liquide amniotique ;
  • rah ou getih, le sang ;
  • lamas ou banah, la couche de vernix caseosa;
  • ari-ari, le placenta qui apparaît à droite pour les garçons, à gauche pour les filles.

Au centre apparaissent la conception et la naissance. 

Les Catur Sanak représentent les forces cosmiques qui lient l’individu à son environnement. A cet effet, ils changent de nom selon les différentes forces activées alternativement. Il s’agit des :

  • forces premières, Kanda Empat Bhuta ;
  • forces divines, Kanda Empat Dewa ;
  • forces du monde des humains, Kanda Empat Sari,
  • ou, dans le cas présent, des forces protectrices des enfants, Kanda Empat Rare.

Ainsi, toute une série de spéculations cosmologiques d’origine hindoue se greffent sur une vieille pratique indigène, présente dans tout l’archipel. Dès la naissance, il importe de rester en contact à travers des rites et des offrandes avec ses Kanda Empat Rare, de manière à obtenir leur protection. Le rite qui assure le lien d’origine est le Mendem Ari-ari ou l’enterrement du placenta. Ce dernier sera inséré dans une noix de coco fendue en deux, incisé de deux lettres magiques, et enterré soit devant l’entrée de la maison, soit devant l’autel principal (paibon) du temple familial, à droite pour les garçons, à gauche pour les filles. A chaque cérémonie d’importance on présente des offrandes, suivie d’une courte invocation, à ses propres Kanda Empat, qui assureront la protection au cours de l’existence.

 

Les Kanda Empat Rare

Les objets balinais dans les collections du musée

Certains objets représentés dans les dessins de I Gusti Nyoman Darta sont présents dans les collections du musée.

Période : XXe siècle
Matière : bois, métal et tissu
Mesures : 193.5x69x190cm
Numéro d'inventaire : 71.1977.25.1
Anciennes collections : Musée de l'Homme

Petulangan se déploie comme un sarcophage éphémère utilisé lors des crémations balinaises pendant la cérémonie funéraire, Ngaben. Spirituellement, il devient le véhicule qui transporte le défunt vers le royaume des esprits, que ce soit le paradis ou l'enfer, selon les résultats de ses actes dans le monde terrestre.

Les Balinais honorent le bœuf en tant qu'animal sacré, le véhicule même du Seigneur Shiva. Petulangan garantit que l'esprit du défunt parvienne rapidement à Siwa Loka (le Paradis), guidé et protégé par l'animal qui repousse le mal et surmonte les obstacles. Sa forme est conçue en fonction de la caste du défunt : la forme du tigre ou de l'éléphant est réservée aux Sudras, le bœuf noir est attribué aux Ksatrias (chevaliers), et enfin, le bœuf blanc est réservé à la plus haute caste, les Brahmanes.

 

Petulangan, Sarcophage éphémère

Période : XXe siècle
Matière : bois sculpté et peint
Mesures : 43x42x41cm, 2557g
Numéro d'inventaire : 71.1963.15.127.1-2
Anciennes collections : Musée de l'Homme (Océanie)

La statue Singa Ambara Raja, aussi connus sous le nom de Singa-Barong, incarne la fusion céleste d'un lion majestueux et des ailes grandioses de Garuda.

Tel un gardien céleste, celle sculpture s'élève fièrement, ornant les poutres du "Bale", qui parsèment les maisons et les temples de Bali. Dans le creux soigneusement sculpté sur le dos de l'animal, un court poteau est inséré, soutenant avec élégance la poutre maîtresse qui couronne la charpente du toit. Tel un pilier de force et de protection, cette statue animale semble défier les forces sombres, enveloppant la demeure de son pouvoir bénéfique.

Lorsque la famille accomplit les rituels balinais sacrés, tels que le Manusa Yadnya, la statue Singa Ambara Raja déploie sa magie protectrice. Elle écarte les ombres de la magie noire, élevant les esprits et engendrant une atmosphère de pureté et de bénédiction.

 

Base de pilier zoomorphe - Singa Ambara Raja / Singa-Barong

Période : XXe siècle
Matière : bois peint, fer
Mesures : 18.2x54x5cm ; 530g
Numéro d'inventaire : 71.1933.63.5.1-2
Anciennes collections : Musée de l'Homme (Océanie)

Le Kriss Naga Sasra, un poignard balinais imprégné de mystère et de grandeur. Sa lame, façonnée avec une expertise, révèle cinq vagues délicates, tandis qu'un serpent naga couronné s'étire majestueusement jsuqu'à la pointe. Le "pamor tiban", forgé avec du nickel pur. Les forgerons balinais ont poli la surface du Kriss avec minutie, lui conférant un éclat miroitant qui captive les regards.

La poignée, dépeint un raksasa démoniaque, une créature anthropomorphe à la tête de lion. Son bras droit, replié sur la poitrine, serre un sceptre mystique. Des bracelets ornent ses bras, tandis que ses cheveux forment deux nattes qui se rejoignent dans le dos, s'étendant au-delà de la ceinture. Cette divinité majestueuse est assise sur un socle sculpté avec finesse, composé de triangles affrontés verticalement, symbolisant l'harmonie cosmique.

Le "bung-kul", la partie élargie de la poignée, est orné de boules alternant entre grandeur et humilité. Le fourreau en bois peint appelé "warangka", est une œuvre d'art à part entière. Son ouverture, délicatement décorée de motifs floraux en feuille d'or, laisse entrevoir la lame avec une aura de mystère. Fabriqué à partir d'une seule pièce de bois, ce fourreau incarne l'union harmonieuse de la beauté et de la fonctionnalité.

L'iconographie du Kriss Naga Sasra révèle qu'il appartient à une personne de haut rang, peut-être un officier proche des palais royaux. Son porteur, revêtu de cdette précieuse relique, était lié au divin, portant sur ses épaules la responsabilité sacrée de la protection et de la grandeur.

Autrefois, le Kriss était l'outil des guerriers, symbole de bravoure et de protection. Mais aujourd'hui, il est devenu bien plus qu'une simple arme. Il est devenu un héritage précieux qui transcende le temps. Transmis de génération en génération, le Kriss est un symbole d'honneur, de lignée et de connexion avec les ancêtres.

Dans les rituels et les célébrations, le Keris balinais reprend vie. Il devient un accessoire traditionnel, porté avec fierté lors des mariages, des festivités comme le Galungan et d'autres occasions spéciales. Sa présence magnétique évoque la protection et la bénédiction des divinités, tissant un lien intemporel entre le passé et le présent.

 

Kriss Naga Sasra

Manuscrit Asta Kosali
Période : XXe siècle
Matière : Feuilles de latanier gravées
Mesures : 38.2x4.3x3.7cm, 248g
Numéro d'inventaire : 71.1963.15.38.1-50
Anciennes collections : Musée de l'Homme (Océanie)

Le Lontar Bali, ou manuscrits sur feuilles de lataniers (palmier), occupent une place prépondérante dans la riche tradition culturelle de Bali. Utilisé depuis de siècles comme principal moyen d'écriture, le Lontar est bien plus qu'un simple support matériel. Il incarne l'âme même de la culture balinaise, préservant les connaissances, les légendes et les enseignements transmis de génération en génération. Chaque feuille gravée de caractères complexes est le fruit d'un savoir-faire minutieux, transmis de maître à disciple. Les érudits balinais, se sont consacés à la préservation et à la transmission de ces précieux trésors. Les écrits sur Lontar abordent une multitude de sujets, allant des textes religieux aux épopées mythologiques, en passant par les traités sur l'architecture comme le Asta Kosali et Awig-Awig Desa Tenganan, un guide qui réglemente les lois coutumières des communautés balinaises.

Dans la culture balinaise, les Lontar sont vénérés comme des objets sacrés. Ils sont conservés avec le plus grand soin dans les temples, les bibliothèques et les foyers des familles nobles. Lors des cérémonies et de srituels, les Panditas (prêtres) se réfèrent aux écrits sur Lontar pour guider les prières, les offrandes et les actions à entreprendre.

 

Lontar Bali

Période : XXe siècle
Matières : bois, fer, lanière de cuir
Mesures : 18x29x24cm
Numéro d'inventaire : 71.1988.46.10.1-10
Anciennes collections : Musée de l'Homme

Ceng-ceng ricik est un instrument de musique de type cymbales sur socle joué au cœur du Gamelan balinais. Il émet des notes cristallines, s'élevant vers des hauteurs célestes et sa forme, évoquant celle d'un bedawang, une mystérieuse tortue.

Dans la culture balinaise, cette tortue magique détient un pouvoir singulier : elle soutient l'équilibre même du monde sur son dos. Le Ceng-ceng ricik, par sa représentation de cette créature énigmatique, incarne ainsi  l'essence de cette force magistrale. Il est joué avec ferveur lors du jour de Galungan, une célébration dédiée à la victoire du Dharma, le bien, sur l'Adharma, le mal. C'est un moment où l'univers lui-même est honoré, marquant la commémoration de sa création.

 

Ceng-ceng Ricik