Luis Carlos Tovar

Contenu

Colombie

Luis Carlos Tovar est né en 1979 à Bogotá. Il étudie les arts visuels à l’Université des Andes, avec une spécialisation en histoire et théorie de l’architecture et de l’urbanisme.
Les recherches artistiques du photographe, axées dans un premier temps sur le questionnement de la mémoire historique, à travers des installations in situ se sont progressivement orientées vers une forme de création décentralisée, un acte esthétique en mouvement sur les thématiques du territoire et ses frontières pérennes et éphémères. Les travaux de Luis Carlos Tovar ont fait l’objet de plusieurs expositions en Colombie et en 2011, sa série Chaise Rimax est présentée dans le cadre de la 2e édition de la biennale photographique Photoquai. Le prix IILA – Photography établi par l’Institut Latino-italo-américain dont il est lauréat en 2015 lui permet de réaliser une résidence à Rome et de développer le premier volet de son projet Cartographies of Escape I, qui est exposé au Museo Arte Contemporáneo di Roma en 2016. Il fait partie des nominés de la 3e édition du Prix Élysée et débutera une résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris en octobre 2018.

Cartographies of Escape

Résidences photographiques 2017

C’est au contact des réfugiés africains, afghans et palestiniens du centre d’accueil Baobab Center de Rome que Luis Carlos Tovar développe le projet Cartographies of Escape I en 2015. La carte s’impose très rapidement comme le motif principal de son travail, outil de communication le plus pertinent pour retranscrire visuellement les récits de ces hommes et femmes déracinés. En demandant aux réfugiés de tracer la carte de leur périple sur les murs de la ville à l’aide d’une craie, il leur offre une possibilité de s’approprier de manière temporaire l’espace urbain. Les photographies de Luis Carlos Tovar, qui associent le portrait des réfugiés et les cartes qu’ils ont tracées dans la ville, pérennisent cette présence éphémère dans la ville et questionne la situation transitoire « d’entre-deux » de ces individus.

Le photographe a souhaité donner suite à ce projet grâce aux Résidences photographiques en se rendant aux principales portes d’entrées du continent européen, points clés actuels de transit des populations réfugiées : Marseille, Rome, Tanger ainsi que Melilla et Ceuta, enclaves espagnole au Maroc. Son travail prend très rapidement un tournant inattendu. Autrefois tourné vers l’espace urbain, extérieur, il répond désormais à une logique de cloisonnement, d’intimité et d’anonymat. L’espace, tout comme le modèle photographié, sont inidentifiables, et la carte autrefois tracée dans l’espace environnant est désormais projetée à même le corps et mains de ces individus, comme une cicatrice indélébile. Les seules images saisies en extérieur rendent compte d’un environnement hostile, portant les traces d’un passage éphémère.

La série produite dans le cadre des Résidences photographiques est le témoin du durcissement récent des politiques européennes anti-migratoires et de la crainte dans laquelle vivent les migrants en transit vers l’Europe. Au regard des images produites par l’artiste en 2015, ces nouveaux clichés expriment l’angoisse et la méfiance des migrants, réduits à taire leur identité et masquer leur propre image. Ce silence, c’est également celui du « syndrome d’Ulysse », chez ces voyageurs en fuite, inaptes à livrer le récit d’un périple souvent traumatisant et douloureux et dont le visage reste le plus souvent caché.

Série réalisée en 2017-2018.