Tenture représentant deux couples vêtus à la mode européenne
Objet
- Type d'objet : Objet
- Géographie : Asie – Asie méridionale – Iran – Ispahan (province) – Ispahan (ville)
- Date : Vers 1930
- Matériaux et techniques : Coton, pigments naturels, impression au bloc, peinture au qalamTechnique: qalamkariArtisan: Hossein Fakhari
- Dimensions et poids : 270 × 160 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2022.41.1
Description
La tenture, de forme verticale, est formée d’une bordure constituée de frises à décor géométrique et floral. Elle encadre deux scènes de genre superposées. Un couple assis dans une barque sur l’eau est représenté au premier plan de la partie supérieure. L’homme, à gauche, manie les rames. Il est vêtu d’une veste et d’un pantalon. Sa tête est coiffée d’un chapeau avec une calotte incurvée et un large bord qui se dédouble à l’arrière. La femme porte un chapeau bleu. Elle a des cheveux cours, bruns et bouclés et un collier de perles rondes et blanches autour du cou. Elle est vêtue d’une jupe et d’un caraco serré à la taille. Quatre arbres se dressent à droite, en deuxième plan. Au fond s’élèvent un mont enneigé. Il pourrait s’agir du mont Damavand le plus haut sommet d’Elbourz, chaîne de montagnes située dans le Nord de l'Iran. Au-dessus figure une phrase d’un poème de Hâfez, poète lyrique persan considéré comme le maître du ghazal :منظردل نيست جاي صحبت اغيار"Le silence du cœur n'est pas un endroit où les autres peuvent parler"Dans la partie inférieure, au premier plan, sont représentés un homme et une femme. Ils sont assis sur un banc et regardent ensemble vers la gauche de la tenture. La femme agite un mouchoir de la main gauche en direction d’un bateau à vapeur et à roue latérale qui n’est pas sans rappeler l’Island Queen, bateau d’excursion utilisé lors de croisières sur les fleuves Mississippi et Ohio entre 1896 et 1947. Dans la partie inférieure de la tenture figure le nom de l’artisan :ساخت حسين فخاريRéalisé par Hussein Fakhari Une tenture signée Hussein Fakhari est conservée au V&A (ME.1-2003)
Usage
D’origine persane, le terme qalamkar désigne une étoffe de coton peinte à la main et imprimée aux tampons (qaleb). Cette technique d’impression à la planche trouve son origine dès l’Antiquité. L’Inde, et en particulier la côte de Coromandel, s’en fait une spécialité et exporte ses productions jusqu’en Egypte où l’on trouve les plus anciennes cotonnades imprimées. En Iran, la technique aurait été pratiquée dès le 17ème siècle comme en témoignent des voyageurs français comme Jean Chardin, Jean de Thévenot, ou Jean-Baptiste Tavernier. Mais c’est surtout au 18ème siècle que leur production et leur usage connaissent leur apogée. Ispahan devient alors un des principaux centres de production. Ces toiles sont utilisées pour la confection des vêtements mais peuvent aussi servir de rideaux, de tentures, de nappes et de housses de coussins. A l’extérieur, elles agrémentent les façades des pavillons et l’intérieur des tentes dressées pour les grandes occasions. Leur décor se déploie en une profusion de rinceaux, de feuillages et de motifs floraux, d'oiseaux, ordonnés selon une stricte symétrie. Il évoque la vie à la cour, des scènes de chasse ou des jeux équestres. Il raconte aussi des récits fondateurs comme le Shahnameh (Livre des Rois) de Firdousi ou le Khamsa du poète Nizami. Le répertoire décoratif évolue sous la dynastie des Qajars (1786 à 1925) puis Pahlavi, jusqu’à intégrer, aux côtés des thèmes classiques, des sujets inspirés de la peinture occidentale.