Ecran de théâtre d'ombres
Denrée alimentaire ou périssable
- Classification : Denrée alimentaire ou périssable
- Nom vernaculaire : Kajon
- Géographie : Asie – Asie du sud-est – Indonésie – Grandes îles de la Sonde (aire) – Java (île) – Jawa Tengah (province) – Surakarta ; Asie – Asie du sud-est – Indonésie – Grandes îles de la Sonde (aire) – Java (île) – Solo (Soerakarte)
- Culture : Asie – Javanais
- Date : Première moitié du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Cuir ("kulit"), découpé, peint et partiellement doré, corne (tige)
- Dimensions et poids : 102 x 50 x 1,5 cm, 355 g
- Mission : Jeanne Cuisinier ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Océanie) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1953.113.6
Description
Grand écran.N : "Ngaka" (prononcé ngoto) en langue familière. K : "Krama" (prononcé Kromo) en langue polie (en javanais). Hauteur de la pointe supérieure au bas de la tige ("tjempurit" en javanais) en corne ("tandok" en indonésien, "ngsungu" en javanais) "Singat" (Kr.) de la pointe supérieure au bord de l'écran de cuir. Dimensions : hauteur : 105 cm ; largeur maximale : 49 cm.
Usage
Pendant les représentations de théâtre d'ombres, l'écran est posé droit au milieu de l'écran de toile, pendant les interruptions entre deux actes, ou de biais, à droite ou à gauche, pour indiquer que les personnages venant du côté du "Kajon" viennent du "Kraton" (palais des princes) (ou du côté oppose, se dirigent vers le "kraton"). Cette figure a une très grosse valeur mystique pour les "dalang" et pour les artisans qui les fabriquent ; ceux-ci ne commenceraient pas l'exécution d'un "kajon" ou "gunungan" (pas plus que celle de la figure de "Batara Guru") sans avoir fait, au préalable, une cérémonie d'offrandes ("selamatan").Pendant le temps qu'ils y travaillent, ils doivent observer des jeûnes (indonésien : "puasa") et réunir à certains jours de pieux vieillards pour obtenir d'eux la bénédiction de leur travail, bénédiction ne traduit qu'imparfaitement "berkat", la "baraqa" de l'arabe.Les dimensions, la forme même, et les détails de la décoration varient suivant les villes, par conséquent, dans une certaine mesure, l'interprétation mythologique des motifs décoratifs. Mais la signification d'ensemble de la figure et son importance est partout la même. Les animaux représentés ici sont des singes (indonésien : "lutong" ; javanais : "lutung"), des oiseaux (indonésien : "burong" ; javanais : "ny.manuk" ; Kr. "peksi"), deux paons (indonésien et javanais : "merak") et deux coqs sauvages (indonésien "ajam hutan" ; javanais "ajam alas" ; Kr. "ajam wana"), un tigre (indonésien : "harimau" ; javanais : "matjan", Kr. "Sima") et un taureau sauvage (indonésien : "banteng" ; javanais : "banteng").Dans le bas de l'écran est représentée une porte dont les battants sont peints en rouge. De chaque côté de cette porte en haut, la tête d'un animal imaginaire ; ces deux images n'ont pas de nom, mais on dit pourtant qu'elles représentent des êtres nés d'un éclair (indonésien : "Kilat" ; javanais : "Bledig"), et en bas, deux gardiens qui se tournent le dos, chacun tenant une épée et un bouclier ; ils sont, dit-on, comme les anges à la porte du ciel. Ce "gunungan" n'est décoré que sur une face, l'autre est peinte en rouge. Le vendeur de l'objet a déclaré que cette couleur doit figurer sur le "gunungan" parce qu'elle symbolise le feu. Il y a peu de différence entre les "gunungan" de Solo et ceux de Yogya. Toutefois, un artisan de Yogya interrogé sur l'obligation d'introduire la couleur rouge à la décoration, a répondu qu'elle n'était nécessaire que pour les lèvres des deux têtes "nées de l'éclair". "Dalang" ou propriétaires d'un jeu de "wajang kulit" refusent de vendre séparément le "gunungan" ou "Kajon", car ils peuvent faire refaire n'importe quelle autre figure mais non celle-là ni celle de "Batara Guru", à moins de le payer à peu près trois fois plus cher qu'une figure ordinaire (prix du "selamatan", des repas offerts aux pieux vieillards, etc.). En outre, un peu de la force magique communiquée à toutes les figures par ces deux là serait perdue. Sojasono, gardien du Musée à Solo, avait hérité d'un jeu du "dalang" Hardjodiroto qui s'est servi le dernier de ce "gunungan". Comme il n'était pas "dalang" lui-même, ni assez riche pour organiser des représentations avec son jeu, il avait vendu les autres pièces et a consenti à céder celle-ci pour le Musée de l'Homme.