Envoûtement
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : Caito (Aymara-Quechua)
- Géographie : Amérique – Amérique du Sud – Bolivie – La Paz (département) – Ingavi (province) – Tiwanaku
- Culture : Amérique – Aymara ; Amérique – Quechua
- Matériaux et techniques : Cornes de taureau, produits végétaux, etc
- Dimensions et poids : 31 x 20 x 8 cm, 633 g
- Donateur : Louis Girault ;
- Mission : Louis Girault ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Amérique) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1965.41.116.1-5
Description
Constitué par deux cornes gauches de taureau, sectionnées avec un instrument tranchant. Ces cornes sont liées ensemble par des fils de laine grêge et brun noir. Chacune contient un épi de maïs égréné, de la Khoa (Aymara), Loricaria graveolens Wedd (Composées) des feuilles de Coca, (Aymara-Quechua), Erythroxylon coca L (Erythroxylacées) - un morceau de suif de lama, Untu (Aymara). Par dessus ces cornes étaient amassés des excrêments d'âne. Longueur des cornes : 24 cms ; diamètre maxima, 8 cms5
Usage
Cet envoûtement fut découvert au site archéologique de Tiahuanaco, près du lieu-dit Akapana. Il s'agit là d'un maléfice particulièrement redoutable à l'adresse d'autrui (en l'occurence ici, à l'adresse des archéologues travaillant aux fouilles. Nombreux d'ailleurs furent les actes magiques de cet ordre qui furent pratiqués à leurs intentions). Il sert à provoquer la mort - surtout accidentelle- de la ou des personnes auxquelles il est adressé. Ce voeu est symbolisé par le fait que tout est orienté à gauche - les cornes de taureau et les fils de laine qui sont tordus vers la gauche. Indépendemment qu'ils soient de couleur grêge et brun noir les caractérisant déjà comme maléfiques. Les deux épis de maïs égrénés sont aussi là pour exprimer le désir que la personne vouée à l'envoûtement soit "desséchée", aussi bien dans son corps que dans son squelette ; ceci à l'image même des épis secs, dépourvus de leurs grains. Les ingrédients, Khoa, Coca et Untu, ont une valeur d'offrande adressée particulièrement aux esprits des ancêtres, Achachilas (Aymara), afin qu'ils déchaînent leurs forces malignes et maléfiques contre la ou les personnes visées. Quant aux excréments d'âne qui recouvraient le tout, ils sont caractéristiques de mauvais desseins, étant toujours employés à de telles fins. Je cite ici la déclaration qui me fut faite par un Indien Aymara, Andres Kallisaya, présent lors de la découverte de cet envoûtement, il me dit "Qu'un jour, un paysan de Tiahuanaco, trouva un maléfice de ce genre devant sa maison. Quelques jours après il mourrait d'un accident ; le camion où il avait pris passage s'étant retourné". Selon un autre informateur, Lucas Ortiz, "Il est vraisemblable que ceci fut déposé une nuit de mardi, vers minuit, jour et heure considérées comme étant "De los brujos". Ce genre de sortilège semble être aussi bien utilisé par les indiens Aymara que par les Quechua. Quel est son indice de fréquence en Bolivie, il reste bien difficile de le préciser.