Le chant des pleurs : ontologie, mythologie, et pratiques thérapeutiques chez les Salish de la côte
Texte imprimé
- Auteurs : Gille Baptiste (1981-....) ; Severi Carlo (1952-...) ; École des hautes études en sciences sociales ;
- Editeurs : [s.l.] [s.n.] ;
- Date d'édition : 2011
- Sujets : Anthropologie -- Thèses et écrits académiques, Salish (Indiens), EthnopsychiatrieAnthropologie médicale
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 1 vol. (616 p.), : Ill., 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. p. 581-610 ; Thèse doctorat ; Anthropologie sociale ; Paris, EHESS ; 2011
Résumé
Le présent travail se concentre sur la morphologie rituelle des danses spirituelles d’hiver (/mimelha/) des Salish centraux de la côte, afin de mettre en lumière des mécanismes de l’efficacité thérapeutique. Du diagnostic des symptômes, aux initiations et aux danses, le travail rituel consiste à déterminer une figure intentionnelle – un être surnaturel (/syəwəl/) – tenue pour responsable des souffrances de l’individu (/syəwəl sqaqəy/). Cette imputation d’agentivité à l’origine du mal suit un processus d’objectivation, puis de subjectivation, et enfin de réintégration, lors de la transe finale, de cet agent extérieur comme constituante ontologique du soi (/shxweli/ ou /smestiyexw/). Ainsi l’individu apprivoise l’agent responsable de ses souffrances pour en faire un protecteur et une partie de lui-même. Il acquiert dès lors une maîtrise sur la cause et de l’origine de ses souffrances. En imputant une agentivité extérieure et ouvrant un espace d’interaction avec cette entité, le rituel soulage les individus, via des mécanismes reposant moins sur le paradigme des causes et des explications, que sur celui des raisons, des intentions et de la compréhension. ; The following work focuses on the ritual morphology of the Coast Salish’s winter spirit dancing (/mimelha/) and looks to highlight the mechanism of therapeutic effectiveness. From the diagnostic, to the initiation and dances, the ritual work is to determine the presence of an agency – a supernatural being (/syəwəl/) – held responsible for the individual’s suffering (/syəwəl sqaqəy/). This imputation of agency at the roots of the suffering follows a process of objectivation, subjectivation, and reintegration, in the final trance, of the external entity as an ontological constituent of the self (/shxweli/ or /smestiyexw/). Thus, the individual transform the agent responsible of his suffering into a protector and a part of himself. He then acquires a power on the cause and origin of his suffering. By designating an external agency, gradually integrated through a number of interactions with ritual agents, the ritual relieves pain, through mechanisms more likely to suit the paradigm of reasons, intentions, and comprehension, than the one of causes and explanations.