L'homme-proie : prédation, agentivité et conflictualité dans les Andes boliviennes
Bibliographie
- Auteurs : Charlier Zeineddine Laurence (1975-....) ; Wachtel Nathan (1935-....) ; École des hautes études en sciences sociales ;
- Date d'édition : 2011
- Sujets : Anthropologie -- Thèses et écrits académiques, Corps (philosophie), Chasse, Andes (Bolivie) -- Moeurs et coutumes, Andes (Bolivie)
- Autre(s) édition(s) : L'homme-proie
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 1 vol. (550 f.), : Ill., cartes, 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. p. 484-501 ; Thèse doctorat ; Ethnologie et anthropologie sociale ; Paris, EHESS ; 2011
Résumé
Dans les communautés andines étudiées, la rupture de la réciprocité et le déséquilibre social et/ou cosmogonique sont deux notions manifestement insuffisantes pour expliquer les agressions d’entités prédatrices et plus largement pour comprendre les êtres prédateurs surnaturels ainsi que les modalités des relations qui les lient aux humains. En effet, le contrôle de la corporéité constitue un moyen de préserver de l’infortune. Il s’agit, entre autres, de veiller à toujours se remplir, les contenus garantissant la complétude et la « fernmeture » des corps empêchant ainsi l’incorporation d’entités prédatrices. Le contrôle de l’état émotionnel et plus exactement les usages pragmatiques des pensées et des souvenirs (yuya) se révèlent tout aussi fondamentaux puisque le contenu référentiel de ces derniers explique (produit ou amorce) les apparitions et les actes des prédateurs. Enfin, les lieux et les moments choisis par les humains pour se déplacer ainsi que les rapports de communication établis entre ceux-ci et un esprit prédateur sont également décisifs. Si l’homme a la possibilité d’être un agent, cette agentivité (virtuelle ou exercée) ne le préserve pourtant nullement des agressions prédatrices : l’extraction constitue un schème étiologique de la maladie et de l’infortune. Enfin, la prédation apparaît comme étant à la fois l’origine et l’expression de la conflictualité. En effet, l’ennemi identifié est celui qui agit en tant que preneur. Cet ennemi est ensuite décrit comme un prédateur. Proie du diable, l’homme se considère donc aussi comme la proie de son ennemi et plus généralement, l’homme s’appréhende comme un véritable « homme-proie ». ; In the studied Andean communities, the breakoff of reciprocity and the social and/or cosmogonical imbalance are two obviously deficient notions to explain attacks from predatory entities and more broadly to understand supernatural predatory beings as well as the modalities of relations which link them to human beings. Indeed, the control of corporeity constitutes a means to protect themselves against adversity. It is a question, among other things, to always fill up as the contents guarantee the completness and the « closure » of bodies, thus preventing the incorporation of predatory entities. The control of the emotional state and more exactly the pragmatic uses of thoughts and memories (yuya) are just as fundamental since their referential contents explain (product or generate) the apparitions and acts of the predators. Finally, the times and places chosen by human beings to move as well as the reports of communication established between them and a predatory spirit are also decisive. Even if the human being has the possibility to be an agent, this agency (virtual or active) doesn’t preserve him from all predatory attacks : extraction constitutes an etiological structure of illness and adversity. Finally, predation appears to be at the same time the origin and the expression of confliction. Indeed, the identified enemy is the one who acts as a taker. This enemy is then described as a predator. Prey of the demon, the human being also considers himself as the prey of his enemy and more generally, as a real « prey-man ».