Aube Breton-Elléouët et Oona Elléouët

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Née en 1935, Aube est la fille d’André Breton et de Jacqueline Lamba. Oona Elléouët est sa fille et donc la petite-fille d’André Breton. Grand découvreur de talents, ami de Claude Lévi-Strauss, l'artiste André Breton collectionna avec assiduité l’art d’Océanie et d’Amérique du Nord (les masques de Nouvelle-Irlande ou les poupées Kachina Hopi d'Arizona par exemple).

Sa première acquisition fut une petite sculpture en bois de l’île de Pâques, partie du monde qui occupe une place de choix dans la fameuse carte surréaliste. « L’île de Pâques ! Peu de noms ont suscité autant de rêves » écrit-il dans L’Art Magique (Edition des Amis du Club français du Livre, 1957).

Tandis que les pièces océaniennes, par leur « innocence première » inséparable d’une extrême complexité rituelle et formelle, lui ont inspiré d’étranges poèmes chargés de mystère, les arts d’Amérique du Nord ont suscité en lui des réflexions d’ordre plus général. Ainsi, lors de son exil en Amérique, durant la guerre, il étudie avec précision les masques à transformation de la côte Pacifique nord-ouest, qui feront l’objet d’un texte importante (Note sur les masques à transformation de la Côte pacifique nord-ouest, Editions de l’Herne, Paris, 1961).

La collection André Breton fut dispersée aux enchères à l’Hôtel Drouot entre le 1er et le 18 avril 2003 et fut l’occasion d’une vente mémorable.

Le musée du quai Branly - Jacques Chirac se porta acquéreur par préemption lors de cette vente d’un exceptionnel masque articulé. A l’issue de la vente, Aube Breton-Elléouët et Oona Elléouët en firent généreusement don au musée.

Masque anthropomorphe à transformation haida

Ce masque provient de l’île Queen Charlotte (Colombie britannique) et faisait partie de la collection d’art d’Amérique du Nord d’André Breton.

Ce masque aux yeux et à la mâchoire articulés, qui rappelle les exploits des héros mythiques, accompagne des cérémonies religieuses à caractère initiatique. Il figure les ancêtres des clans ou les esprits partenaires des ancêtres. D’importants dessins ou tatouages rouges ou noirs, en forme d’ailes déployées autour des yeux et de plumes sont visibles sur les joues. La lèvre supérieure est percée de petits trous qui devaient être utilisés pour tenir une moustache de cuir aujourd’hui disparue. L’intérieur du masque est appareillé de tenons et de ficelles permettant d’actionner des éléments mobiles. Des croissants de lune sont peints sur les tempes et sur les globes oculaires, apparaissant quand les yeux sont clos, marquant l’alternance du jour et de la nuit.

 

Description de ce masque dans l’ouvrage Tu fais peur, tu émerveilles de Germain Viatte (RMN, 2006)

« André Breton l’avait publié une première fois dans la revue Neuf en mentionnant " la propriété qu’ont certains de leurs éléments de pivoter sur eux-mêmes, de manière à modifier la configuration de l’ensemble et, au besoin, la signification […] le ressort de surprise, qui joue un tel rôle dans la conception artistique moderne, est ici mis à contribution comme nulle part […] il n’est pas une œuvre statique, si réputée soit-elle, qui avec celle-ci puisse supporter la comparaison sous le rapport de la vie (et de l’angoisse). C’est ce masque Haida […] dont le regard extraordinairement dur et fixe peut se recouvrir de paupières turquoise. C’est tel autre susceptible de claquer des mâchoires et dont le clignement des yeux ménage la transition du soleil à la lune" ».