Volume tatoué
Objet
- Type d'objet : Objet
- Créateur : Yann Black (né en 1973) ;
- Géographie : Amérique – Amérique du Nord – Canada ; Niveaux – continent – sous-continent – Indeterminé – Niveaux – continent – sous-continent – Indeterminé
- Culture : -
- Date : 2013
- Matériaux et techniques : encre sur silicone
- Dimensions et poids : 71 x 15 x 20 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2017.26.1
Description
Yann Black travaille à la machine électrique et observe des spécificités classiques, comme de continuer à souder lui-même ses propres aiguilles. Il recherche le noir parfait et a additionné la couleur rouge à sa palette, pour laquelle il reconnaît les mêmes fonctions et possibilités. Son style, que l’on peut qualifier d’outsider, est dominé par la volonté d’accentuation des lignes fortes. Tout est précisé au cours de l’élaboration d’une pièce, jamais avant. En chemin, il tente de comprendre quel serait l’équilibre parfait de la pièce – graphique et mise en couleur – entre ce qui existe maintenant et ce qui est contraint par la marque du temps qui passe. L’idée restant de toujours exécuter un tatouage solide, efficace, durable. « J’ai fait un peu de dessin académique, mais ma façon de dessiner était très différente. Elle ressemble à la façon dont on peut résumer un texte. Je tente de synthétiser les choses au maximum, d’épurer, et de styliser. Mon tatouage est toujours un mélange entre une facture minimaliste et une composition très calculée, où je mesure minutieusement tout ce que je trace, où j’ai recours à un fonctionnement compliqué de comptage. J’ai essayé d’adapter autour de l’idée du dessin enfantin toutes les données qu’ont expérimentées le constructivisme russe ou l’expressionnisme allemand. Mes tatouages n’avaient et continuent de ne rien à voir avec l’iconographie liée à la culture classique du tatouage, ils sont exclusivement tirés de mon univers personnel. Sur un corps réel, je dessine d’abord au feutre et à main levée. Je ne fais jamais de dessins préparatoires, tout obéit à un processus instinctif. Je me sers du volume, des imperfections de la peau, des cicatrices, je compose avec les accidents. J’aime l’idée de faire « sur l’instant », d’être dans un geste spontané comme celui d’un croquis – j’ai toujours eu l’impression qu’un croquis préparatoire est réussi et que le tableau final est raté... » (interview extraite du livre HEY! Tattoo, de Anne & julien et Zoé Forget, Ed. Ankama/619, 2014).Yann Black utilise plusieurs machines pour son travail : Karl Marc Handmade pour les lignes, Nick Ackman pour les grosses lignes et Micky Sharpz (Paul Rogers) pour le remplissage. Les encres utilisées sont la Talens Indian Ink pour le noir et de la Fantasia dark red pour le rouge. Une dizaine d’heures sont nécessaires pour l’encrage. Anne & Julien
Usage
Dans les années 1990, le tatouage contemporain mondial est en pleine mutation. Dans cette zone d’expérimentation, l’influence de Yann Black est majeure. Né en 1973 à Bourges, Y. Black est diplômé de L’ESAAT (Roubaix, France) où il a appris le dessin. A 18 ans, il se fait tatouer une étrange série de carrés noirs par Bop John à Bourges. Impressionné par le travail des Anglais Alex Binnie, Curly et Xed LeHead, le Français se procure sa première machine à tatouer et débute clandestinement et en autodidacte sa carrière à l’âge de 20 ans, en appartement privé situé à Bruxelles (Belgique). Contrairement à ses contemporains, il est déterminé à exclusivement tatouer son propre univers dessiné. Il arrive à Paris où intègre en 2000 Tribal Act, studio expérimental (piercing, branding, tatouage) propice aux essais exploratoires. De là, il exerce sans réserve sa vision anticonformiste. Inclus au fonctionnement interne du tatouage classique où l’excellence de la production d’un seul devient une inspiration pour l’ensemble de la communauté, la pratique du tatouage s’est, durant les deux siècles précédents, affirmée à travers du « gimmick » : l’exercice de la figure « déposée ». Yann Black remet en question ce schéma historique, ses propositions iconographiques rejetant de manière unilatérale toute forme de gimmick préexistant. Ce faisant, il passe une borne que s’étaient toujours défendu de franchir ses prédécesseurs, et déclenche pour les générations futures le signal d’une libération quant à l’imagerie « tatouable / acceptable ». La proposition artistique qu’il a formulée fait depuis école dans le monde entier. Installé au Canada depuis 2007, ayant d’abord exercé chez Glamort Tattoo (Montréal), il tatoue chez lui et sur rendez-vous, exclusivement, ne pratiquant que peu les voyages et passant outre les conventions. Il est aujourd’hui citoyen canadien.Anne & Julien