Panneau illustrant le Jugement dernier
Objet
- Type d'objet : Objet
- Géographie : Asie – Asie méridionale – Iran
- Date : 19ème siècle
- Matériaux et techniques : Papier mâché, décor peint et verni
- Dimensions et poids : 52 × 32 × 0,5 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2020.17.1
Description
Panneau rectangulaire en papier mâché peint en polychromie. La face supérieure du panneau est entourée d’une bordure renfermant 16 cartouches séparés entre eux par des rosaces. Les cartouches renferment des versets tirés du chapitre X (باب دهم در مناجات و ختم کتاب Prières et conclusion du poème) du Boustan (« Jardin des fruits » ou « Verger »), recueil de poèmes et d’histoires écrit au 13e siècle par le poète persan Saadi (1210 (?) – 1292) Le centre du panneau est occupé par une scène représentant le Jugement dernier. Celle-ci est disposée sur deux registres superposés:1- Registre supérieur: au premier plan, un ange est représenté de face et debout. Il est vêtu de bleu, coiffé d'une couronne et tient entre ses mains une balance pourvue de deux plateaux : un pour les bonnes actions et un autre pour les mauvaises. Un ange vêtu de noir est agenouillé à sa droite. Derrière et devant lui se tiennent alignés les élus. Ils sont représentés de manière stylisés. Leur tête, ronde et chauve, repose sur un long vêtement blanc en forme de cloche. A droite sont représentés cinq personnages masculins. Leur visage est couvert d’un voile blanc et leur tête nimbée de flammes. Trois sont assis sur des trônes et deux se tiennent debout. A l'arrière plan se déploie un pavillon à deux étages qui symbolise ici le paradis (بهشت). Des bustes de femmes apparaissent aux fenêtres. 2- L'enfer occupe la totalité du registre inférieur. Divers supplices sont illustrés dans un enchevêtrement de corps humains, de divs et de dragons. Les hommes sont blancs, nus et chauves. Certains ont le corps enserré par un serpent. (l'artiste s'est sans doute inspiré des peintures des églises Sainte-Bethléem et Saint-Sauveur de la Nouvelle-Djoulfa cf. bibliographie, Thèse de Sarah Eftekharian-Laporte)Au revers, restes de cachet de cire rouge (sceau de douanes ?) (voir avec Francis Richard)
Usage
Le travail du papier mâché verni semble avoir vu le jour au 15ème siècle, à Hérat (aujourd’hui en Afghanistan) pour l’ornement des reliures de manuscrits jusqu’alors recouvertes de cuir. Il ne fait guère de doute que ce nouveau type de reliure est né du désir des relieurs d’imiter les laques chinoises. Dès le 17ème siècle, tout une gamme d’objets en papier mâché peint et verni – coffrets, plumiers, étuis à miroir, plateaux – sont produits à Ispahan. Ils sont ornés d’un décor de fleurs et d’oiseaux, de scènes figuratives inspirés du Shâh-Nâme ou du Khamsah de Nizami ou, plus rarement, de motifs calligraphiques. La production d’objets en papier mâché verni connait son apogée sous la dynastie des Qajars (1786 à 1925). Le répertoire décoratif évoluera jusqu’à intégrer, aux côtés des compositions de fleurs et d’oiseaux, des sujets chrétiens, des copies d’après des gravures européennes et, plus tard, des reproductions de photographies. Ici, la représentation de l'enfer est probablement inspirée de la scène du jugement dernier peinte au-dessus de la porte de la cathédrale Vank, plus connue sous le nom de cathédrale Saint-Sauveur d'Ispahan. Edifiée entre 1655 et 1663, cette cathédrale se distingue par ses admirables peintures murales intérieures « qui s’inspirent pour la plupart de la Biblia Sacra du graveur Christoffel Van Sichem » (voir bibliographie)