Portraits des rois bamoun de Nchare à Njimoluh Seidou
Arts graphiques
- Classification : Arts graphiques
- Dessinateur : Ibrahim Njoya (c.1887-1962) ; Dessinateur : Ibrahim Tita Mbohou (1914 - 1977) ;
- Géographie : Afrique – Afrique centrale – Cameroun
- Culture : Afrique – Bamoun
- Date : 1933-1936
- Matériaux et techniques : Papier, encre, crayons de couleur, crayon graphite
- Dimensions et poids : 74 x 91 cm, 3 527 g
- Précédente collection : Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie (Afrique) ; Collecte : Pavillon du Cameroun, Exposition Internationale de 1937 ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 75.12072
Description
Description et analyse, Alexandra Galitzine-Loumpet, septembre 2016"Médaillon central : Le roi Ibrahim Njoya est représenté assis sur le grand trône perlé à double figures masculine et féminine appelé Mandu Yenu, actuellement conservé au Palais de Foumban, placé devant le porche du palais construit entre 1917 et 1923 : marches apparentes derrière le trône, piliers sur les côtés, balustrades, porte avec étoile et croissant de lune, oiseaux (aigles ou rapaces) d’inspiration allemande, inscription en écriture bamoun au centre du linteau, et une seconde sur le mur à gauche (non-traduites). Il est entouré d’autres attributs de la royauté : en arrière-plan, un fond de textile Ntieya (connu aussi sous le nom de Ndop) réservé aux souverains et à leur famille et dans lesquels ils étaient enterrés, à sa gauche la double-cloche royale Munjumndu au manche perlé représentée devant un coupe-coupe dans son fourreau en raphia tressé décoré et sa bandoulière en tissu torsadé et un faisceau de lances ; à sa droite, une grande pipe à fourneau anthropomorphe perlée, à côté, une lance d’apparat inspirée d’une forme peule supporte un « petit sac du pays » contenant des éléments de la puissance royale, en arrière-plan, un autre bâton. Enfin, il tient à la main une épée d’inspiration peule à fourreau en cuir ouvragé et un ouvrage en écriture bamoun dans sa couverture en cuir, sans doute « L’histoire des rois bamoun venus de Rifum », connue sous le nom d’Histoire et coutumes des Bamoun. Le motif du croissant islamique atteste de sa conversion à l’Islam. Ce portrait est directement inspiré de deux photographies de 1908 et 1912 (voir rapport d’étude)Le roi porte des vêtements d’inspiration composite, signifiant la singularité bamoun au carrefour des influences européennes (tunique, ceinture, pantalon, bottes en cuir, coiffe en forme de couronne) et musulmane (cape, épée, broderies des bottes). La tunique est brodée de motifs iconographiques bamoun avec deux bandes portées croisées. Sur le côté droit, on distingue deux médailles. Tous ces vêtements étaient produits ou transformés dans le royaume, à l’exception peut-être de la cape. En bas du trône, cartouche d'écriture Bamoum en deux sections, celle de gauche présentant en version cursive des signes de la première version de l’écriture bamoun dite Lewa, à droite la version cursive dite A ka u ku mfemfe (sur la 2e ligne, les 5 premiers signes sont la 1ère page du livre du sultan Njoya ; la 4e ligne donne les 10 premiers si signes de l'alphabet Bamoum).Dans les deux vignettes sous la partie droite, un motif indéterminé (peut-être système de numérotation) et un texte, non-traduit.Les quatre vignettes encadrant le portrait du roi Njoya, représentent pour les deux supérieures : à droite, le père de Njoya, Nsangu, toujours représenté de profil tenant un faisceau de lances sur un fond en ntieya et à gauche le successeur de Njoya, Njmoluh, représenté jeune, en habits dits « musulmans » (gandoura brodée, cape, turban) devant une double tenture en ntieya, figurant le porche du palais.Dans les deux vignettes du bas, deux rangées de 5 cavaliers, épées ou lances au clair dans la cour du palais, rendant hommage au roi. Dans les vérandas du palais, 6 notables (3 de chaque côté) assistent à la démonstration. Le traitement graphique de ces vignettes (notables, roi Nsangu) s’écarte des précédents dessins d’Ibrahim Njoya, laissant supposer l’intervention d’un autre dessinateur. On remarque la petite taille des cavalier...
Usage
Notice usage, Alexandra Galitzine-Loumpet, sept. 2016 :"Ces dessins sont des créations en relation avec le règne de Njoya (vers 1892 - 1933) grand réformateur des institutions, créateur d'une écriture bamoum, protecteur des arts. Ce dessin pourrait être partiellement rattaché à Ibrahim Njoya (ca 1887-1962) cousin et homonyme du roi Njoya à qui est également attribué la mise en place des canons de représentations des différents souverains, mais avec une évolution notable de son style, peut–être liée à une production plus importante destinée à l’exportation. Les dessins étaient réalisés et copiés grâce à l'utilisation de modèles puis de calques. Plusieurs calques de ce dessin ou de compositions issues de ce dessin existent dans la collection d’Ismaël Tita Mbohou (Foumban, né 1952), fils d’Ibrahim Tita Mbohou (1914-1977) qui fut l’élève d’Ibrahim Njoya. Il ne peut avoir été exécuté par le roi Seidou Njimoluh Njoya (1902-1992) à qui il est attribué. La mention dans l’intitulé antérieur « dernier sultan de Foumbam, Seidou Njimoluh Njoya », erronée, donne une limite chronologique, le roi ayant régné de 1933 à 1992. Le dessin a donc vraisemblablement été exécuté entre 1933 et 1937, date de sa présentation à l’Exposition Internationale de Paris. Cette catégorie de dessins, couramment appelés « Portraits des rois bamoun » et reproduits à de multiples exemplaires, est apparue au début des années 1930, avec peut-être quelques dessins ultérieurs, et aménage les codes stylistiques établis pour les portraits en pied des souverains antérieurs, eux-mêmes partiellement inspirés de photographies allemandes et françaises. Destinés à représenter le pouvoir et la légitimité dynastique du roi Njoya en conflit avec l’administration coloniale française avant de devenir patrimoniaux, ils présentent le roi Njoya en position centrale, debout ou assis sur son trône avec tous les éléments de son pouvoir (par exemple Les dessins Bamum, Skira 1997 : 74-81). Ce dessin ne fait pas exception : son successeur, Seidou Njimoluh est représenté jeune à gauche de son père. Dans les années suivantes, son portrait occupera à son tour la position centrale."