Figure anthropomorphe à tête d'oiseau
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : Tangata manu
- Géographie : Amérique – Amérique du Sud – Chili – Valparaíso – Pâques (île) – Hanga-o-onu (village)
- Culture : Amérique – Pascuans
- Date : avant 1850
- Matériaux et techniques : Pierre tuf sculptée en bas-relief
- Dimensions et poids : 69 x 45 x 29 cm, 91105 g
- Mission : Henri Alfred Lavachery ; Mission : Alfred Métraux ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Océanie) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1935.61.2
Description
Trouvé à la surface du sol, ce bas-relief représente probablement l'être à tête d'oiseau (tangata manu). La tête manque.
Usage
L’art rupestre et les pétroglyphes représentent l’une des plus anciennes formes d’art réalisé par l’homme. À Rapa Nui, l’art rupestre peut mesurer quelques centimètres comme plusieurs mètres (jusqu’à 12m) (Lee, 1982 :59 ; Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 114). Unique dans le Pacifique par la taille que peuvent prendre ces gravures et peintures, on trouve néanmoins de nombreuses ressemblances avec l’art des pétroglyphes des îles Marquises « même si quelques figues ressemblant à l’homme-oiseaux ont été découvertes à Hawaï. » (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 114)En 1935, Henri Lavachery a recensé environ 500 pétroglyphes sur Rapa Nui (Lavachery, 1995 : 32), aujourd’hui on en dénombre environ 4300. Ce chiffre représenterait 85% du nombre estimé de pétroglyphes présents sur l’île selon l’équipe de rock art recording projet dirigé par Georgia Lee (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 109). Très répandus près des centres religieux de la côte nord, ces pétroglyphes sont réalisés aussi bien sur des roches affleurantes qu’en grotte ou sur des sculptures. Quant aux peintures, on les trouve principalement dans les grottes. Cependant, il est difficile de savoir si cette répartition est due à un choix des Pascuans ou à des questions de conservations qui font que seules les peintures en grotte sont aujourd’hui conservées (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 109). L’art rupestre peut être considéré comme « un système de communication » permettant de véhiculer des mythes et de mettre en valeur des rituels, des cérémonies, la cosmographie ou encore le statut social. (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 109) Il serait donc lié « à des aspects culturels [..] à l’organisation sociale, aux attributions des tribus, aux rituels, aux mythes ou au cosmos. » (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 112) « L’art rupestre de Orongo se distingue nettement de l’art rupestre des autres régions de l’île, tant sur le plan de la forme que sur celui de la qualité technique. La majorité des représentations d’homme-oiseau est exécutée en bas-relief […]. La maîtrise technique et la régularité de la facture qui caractérisent ces pétroglyphes permettent de penser qu’ils étaient l’œuvre d’un groupe d’artistes expérimentés. […]. En tout cas, ce type de pétroglyphe est très rare ailleurs que dans la région de Orongo. » (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 110-112).Ce motif de l’homme oiseau n’apparaît sur l’île qu’aux alentours de 1500 ap.J.-C. Il aurait constitué à la fois « un symbole religieux et le symbole de la prise du pouvoir par la caste des guerriers (matatoa) » (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 109). La présence de motif appuie la théorie qui dit que « le roi traditionnel (ariki mau) et le culte des ancêtres inhérent aux croyances polynésiennes ne furent plus à même de répondre aux modifications engendrées par diverses catastrophes » à une période, ce qui permit aux matatoa de s’emparer du pouvoir. (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 109)Mis à part ce symbole de l’homme oiseau, on trouve des pétroglyphes représentant notamment des motifs marins tel que poisson, requin, tortue, hameçons, canoë, monstres marins souvent anthropomorphes (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 113) ainsi que des oiseaux (Chauvet,1935 : 50). On trouve aussi de nombreux portraits probablement la représentation du dieu Makemake (the god face), des mains ou des pieds et plus rarement des personnages entiers. Cependant, le motif qui revient le plus souvent et qui constitue même « l’essentiel registre formel de l’île de Pâques » reste le komari, la représentation de vulves (Lee dans Bothmer-Plates, 1990: 114). Ce motif est très probablement lié à un « culte de la fécondité qui s’est sans doute développé à une époque assez tardive, en réponse à des problèmes écologiques. » (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 114). La plupart de ces motifs semblent correspondent aux idéogrammes des tablettes rongorongo (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 112) et sont pour certains localisé dans des zones bien précises par exemple le motif des grandes pirogues qui se trouve principalement sur la côte nord près de Ahu Ra’ai, le motif de la queue de poisson (ou d’un chapeau dont les extrémités sont recourbées vers le haut) n’apparaît que sur la côte nord. (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 113). Il semblerait que ces localisations concordent avec des territoires appartenant à des tribus bien précises. (Lee dans Bothmer-Plates, 1990 : 113)