Grande natte sese
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : sese
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Vanuatu – Pénama – Pentecôte (île)
- Culture : -
- Date : 1984
- Matériaux et techniques : Fibres de pandanus tressées et teintes.
- Dimensions et poids : 460 x 178 cm
- Donateur : Geneviève Mescam ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2021.21.1
Usage
Grande natte « sese » provenant du centre de Pentecôte. Acquise en 1984Cette natte est très proche de celle collectée par Felix Speiser entre 1910 et 1912. Elle présenterait le motif wakit kere (le regard du coin de l’œil)Ce motif est ainsi décrit: « C’était le soir et les hommes se rendaient au nakamal. Un jeune garçon prit un pied de kava (Piper methysticum) pour rejoindre ses compagnons au nakamal. Sur le sentier, il croisa une jeune fille très belle qu’il salua et ils discutèrent un moment. La jeune fille timide, parlait au garçon en le regardant du coin de l’œil. Il la salua de nouveau et la fille retourna chez elle, tandis que le garçon reprenait sa route vers le nakamal. En buvant le kava, il pensait sans cesse au beau visage de la jeune fille. Le kava fini, chacun regagna sa maison. Les jours passèrent mais la rencontre de cette jeune fille passionnait le garçon qui voulait la revoir. Il était trop tard car la jeune fille était morte. Il souffrit, il souffrit tellement qu’il inventa un dessin de la jeune fille telle qu’il la vit pour la première et la dernière fois. Il traça deux croissants de lune, qui représentent les sourcils, une forme de cœur, qui représentent le visage, les paupières, l’œil qui regarde de côté et une bouche. Il nomma son dessin wakit kere. », in Walter, Annie, « L’art féminin de la vannerie: les nattes de Pentecôte », in Vanuatu Océanie: Arts des îles de cendre et de corail. 1996:113Production destinée aux échanges. Le centre de l’île de Pentecôte est l’épicentre d’un important réseau d’échange vers le nord et le sud de l’île ainsi que vers les îles situées vers l’ouest.Ces nattes étaient tissées par les femmes avec des fibres de pandanus (Pandanus tectorius).« Chaque femme possède ses propres arbres, reproduits par bouturage et multipliés autour des villages. Les feuilles, cueillies vertes, sont passées à la flamme pour les assouplir, puis découpées en fines lanières. Celles-ci sont ensuite trempées dans l’eau douce, puis blanchies au soleil. Les lanières, devenues blanches et douces, sont conservées plusieurs mois dans un endroit sombre et humide de la maison. Les lanières les plus longues sont réservées au tressage des sese tandis que les autres sont employées pour le tressage des tsip », Walter, Annie, « L’art féminin de la vannerie: les nattes de Pentecôte », in Vanuatu Océanie: Arts des îles de cendre et de corail. 1996:107La teinture peut être faite pas les femmes, parfois aussi réalisées par les hommes:« Autrefois, les femmes maîtrisaient l’ensemble du processus de teinture et en exécutaient toutes les étapes. Aujourd’hui, les hommes se sont attribué la réalisation d’une phase importante de la teinture, la découpe des réserves pour orner les grandes nattes cérémonielles ses. Le droit de réaliser ces dessins passe par une initiation qui comporte un parrainage, l’absorbtion d’un breuvage destiné à assurer au lauréat la connaissance immédiate de tous les dessins traditionnels et un pacte avec les esprits de la forêt. Ce pacte est réactualisé à chaque séance de teinture par un don de nourriture de l’artiste aux esprits ».Walter, Annie, « L’art féminin de la vannerie: les nattes de Pentecôte », in Vanuatu Océanie: Arts des îles de cendre et de corail. 1996:110Certaines d’entre-elles pouvaient être utilisées comme un linceul.