Peinture bouddhique : Mahavajrabhairava
Peinture
- Classification : Peinture
- Nom vernaculaire : Thang-ka
- Géographie : Asie – Asie méridionale – Népal – Dang (district)
- Culture : Asie – Tharu
- Date : milieu du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Gouache sur toile, soie.
- Dimensions et poids : 76 x 53 x 2 cm, 298 g
- Mission : Alexander William MacDonald ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Asie) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1967.58.97
Description
Petite thang-ka en toile peinte à encadrement de tissu brodé de fleurs, représentant Yamantaka (le "Destructeur du Seigneur de la Mort") sous sa forme de Mahavajrabhairava. Divinité originaire de la tradition tibéto-népalaise, Mahavajrabhairava est considéré comme une manifestation corroucée du bodhisattva Manjushri. Le dieu est représenté au centre de la composition avec 9 têtes, 32 bras et 16 jambes. Son corps, bleu, est entouré d'un cercle de grandes flammes. Sa tête principale est une tête de buffle (prise à Yama, le dieu de la Mort); la tête centrale, au sommet, est celle de Manjushri. Sur toutes ces faces s'ouvre un troisième oeil ; toutes présentent une expression extrêmement coléreuse et portent une couronne de crânes. Les attributs des mains sont au nombre de 32, mais il n'est pas aisé de tous les distinguer. Ce sont des symboles tantriques, les deux principaux étant le couperet (s. Kartikâ, tib. gri-gug) tenu dans une main droite, et un kapala (coupe crânienne) tenu dans une main gauche, ces deux mains étant ramenées dans le dos de la çakti que le dieu enlace. Un collier de têtes encercle le corps de Yamantaka et une peau d'éléphant, dont il tient les extrémités avec ses mains, pend à son dos. Yamantaka écrase sous ses pieds plusieurs cadavres humains, des animaux, des oiseaux ainsi que des divinités hindouistes comme Bhrama et Indra, exprimant ainsi sa domination sur les trois mondes. La dakini Vajravetali, çakti (énergie féminine) du dieu, est verdâtre et tient un kapala. On distingue dans la partie supérieure de la composition 3 petits personnages assis, coiffés du bonnet jaune à longs pans, caractéristique des membres de la secte des dGe-lugs-pa : Tsong-kha- pa, assis sur un lotus, entre ses deux grands disciples. Deux autres lotus soutiennent les attributs de Tsong-kha-pa qui sont, à sa droite, le glaive et, à sa gauche, le livre. Au même niveau que Yamantaka, et à sa droite, la déesse Târâ est figurée sous la forme de Syamatara (Târâ verte). Elle est assise sur un lotus, la jambe gauche repliée et la jambe droite, pendante. Elle esquisse le geste de la charité (varada mudra) et celui de l'argumentation (vitarka mudra). Toujours au même niveau que Yamantaka, mais à sa gauche, se trouve un autre dieu, nu, au corps bleu et que les attributs permettent d'identifier à Kalajambhala, forme particulière de Jambhala. Ces attributs sont un kapala tenu dans la main droite et une mangouste (nakula) vomissant des perles, tenue dans la main gauche du dieu. Dans la partie inférieure de la composition la déesse dPal-den Lha-mo est représentée sur sa monture blanche, entourée de flammes, entre deux Lokapâlas à cheval. Son corps est bleu et un troisième oeil s'ouvre sur son terrifiant visage. Toujours dans la partie inférieure de la composition, on relève la présence discrète d'un petit nombre d'animaux fantastiques, exécutés avec beaucoup de soins, et qui gambadent entre les dieux.Un voile de soie jaune, avec deux marges longitudinales rouges, retombe librement sur la peinture et la protège des poussières et des fumées de l'encens. Dimensions : toile seule : 47,5 x 34,5 cm ; avec l'encadrement de tissu : 77,5 x 53 cm (grande base) ; et 77 x 48 cm (petite base)
Usage
Rituel.Yamantaka est un défenseur de la loi (Dharmapâla) et ses expressions coléreuses doivent terrifier les hérétiques. Il figure, en quelque sorte, la manifestation "terrible" du Bodhisattva Manjuçri, et il est, à ce titre, le protecteur (Yi-dam) de l'Ecole des dGe-lugs-pa (Bonnets Jaunes) . C'est pourquoi le fondateur de cette Ecole, le grand réformateur du lamaïsme, Tsong-Kha-pa, qui est l'incarnation de Manjuçri, est représenté avec ses deux grands disciples dans la partie supérieure de la composition. La déesse dPal-den Lha-mo, située dans la partie inférieure est la seule divinité féminine appartenant au même groupe de dieux protecteurs (Dharmapala) que Yamantaka ; sa protection s'étend, en particulier, sur les dalaï-Lamas. Yamantaka est très diversement représenté, mais on lui assigne toujours une tête de buffle et les mêmes symboles tantriques : le couperet et la coupe crânienne (kapala). Il est parfois rouge ou noir. Les harmonies sombres de son corps "évoquent les profondeurs des ténèbres cosmiques d'ou sortent les esprits bons et mauvais".