Bâton cérémoniel
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : fousulesikwanga
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Salomon, îles – Malaita (province) – Malaita (île)
- Culture : Océanie – Areare ; Océanie – Kwaio
- Date : fin du 19e - début du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Bois, résine de noix de parinarium, nacre de nautile, pyrite de fer, fibres végétales
- Dimensions et poids : Hauteur : 36 cmDiamètre de l'extrémité : 5 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2014.15.2
Description
Ces bâtons, étaient fabriqués autrefois dans la moitié sud de Malaita. Les Kwaio les appellent fou‘atoleeleo (ou fousulesikwanga), et les ‘Are‘are, hauanoreereo ou wariihau. Ces noms font référence à leurs incrustations en coquille de nautile (reereo ou leeleo) et à la pierre sphérique (fou ou hau) – généralement un nodule de pyrite- ligaturée à l'extrémité du bâton et recouverte d'un tressage de fibres végétales. Les liens de rotin sous la pierre de ce bâton sont teints en rouge avec des racines de mûrier indien.
Usage
Par le passé, les tueurs à gages (lamo) pouvaient accrocher à une cordelette passée autour de leur cou un de ces bâtons qu’ils laissaient pendre, tête en haut, entre leurs omoplates. Ces objets jouaient aussi un rôle important lors de la cérémonie au cours de laquelle un homme recevait la prime offerte en contrepartie du meurtre qu’il avait perpétré sur commande.Quand une prime était offerte, un lamo faisait savoir qu’il se chargeait de la tâche, puis il traquait et tuait la personne visée. Ensuite, il informait du meurtre les commanditaires, qui fixaient le moment où il entrerait en possession de son dû. Le jour dit, au cours d’une cérémonie publique, ils accrochaient un sac de monnaie de coquillage sur une haute estrade en bois, sous laquelle ils attachaient aussi des cochons aux défenses spiralées. Le lamo avançait vers cette estrade entre deux rangées d'hommes, brandissant un bâton tel que celui présenté ici de la main droite. S’il tenait le bâton en son milieu, cela signifiait que le conflit qui avait conduit au meurtre était réglé ; s’il le tenait par la tête, les violences allaient se poursuivre. Quand le lamo atteignait les marches de l’estrade, les esprits ancestraux qui lui avaient donné le pouvoir de tuer se mettaient à le posséder. Il était alors souvent pris de tremblements violents et s’effondrait à son arrivée sur l’estrade. Après s’être ressaisi, il pouvait, bâton levé, discourir sur le meurtre ou d’autres sujets en relation avec celui-ci.Les primes pour meurtre n’ont plus cours sur l’île de Malaita depuis les années 1920, mais des primes d’un autre genre (sikwamoori en kwaio), offertes en échange d’enfants à adopter, continuèrent d’être versées au moins jusque dans les années 1940, notamment en pays kwarekwareo. À partir de la fin du XIXe siècle, les Malaitais fabriquèrent ces bâtons pour les vendre aux Européens, ce qu’ils continuent de faire aujourd’hui.L'absence de trou permettant de porter l'objet dans le dos pourrait laisser penser que cet objet fut réalisé dans le but d'un échange commercial.