Carreau représentant une femme sur un dromadaire
Objet
- Classification : Objet
- Géographie : Asie – Asie méridionale – Iran – Téhéran (province) – Téhéran (ville)
- Date : 1311H/1893-94
- Matériaux et techniques : Pâte siliceuse, décor peint sous glaçure.Potier: Ali Muhammad Isfahani
- Dimensions et poids : 25 × 16,6 × 2 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2022.26.2
Description
Le carreau, de forme rectangulaire, est orné d’un décor en relief et polychromie sur fond bleu. Il est délimité dans sa partie supérieure par une bordure à rinceau feuillu et fleuri sur un fond beige. Au centre, dans un jardin arboré construit de pavillons, est représentée une femme montée sur un dromadaire et se dirigeant vers la droite. Elle est vêtue d’une tunique rose et d’un pantalon marron et jaune. Sa tête est entourée d’un voile qui s’enroule autour de son cou. Dans la partie supérieure du carreau, un médaillon lobé nous livre le nom du commanditaire :موسيو لمر فرمايش , « Ordre/commande de Monsieur Lemaire » Un autre médaillon, placé sous le ventre du dromadaire, nous donne le nom du céramiste ainsi que la date et le nom de la ville où a été réalisé le carreau : طهران عمل علي محمد ١٣١١, «Téhéran, œuvre de Ali Muhammad, 1311H/1893-1894»
Usage
Ce carreau, qui constitue un exemple du renouveau de la céramique traditionnelle sous le règne des Qajars, est intéressant à plusieurs égards. Son iconographie est unique et il comporte aussi bien le nom du commanditaire que celui du maître potier, deux personnages qui ont marqué leur époque. Le premier est Alfred Jean-Baptiste Lemaire (1842-1907). Musicien militaire et compositeur, Alfred Lemaire s’est rendu en Iran en 1868 où il a été chargé d’instituer l’enseignement musical, d’organiser l’orchestre impérial et réformer les musiques de l’armée persane. Il a également été professeur de musique au Dar al-Founoun, première institution d’études supérieures en Iran.Alfred Lemaire a joué un rôle important dans les affaires économiques et politiques de l’Iran notamment en tant que délégué officiel de la Perse et responsable du pavillon persan à l'exposition universelle de 1889 à Paris. Alfred Lemaire est mort à Téhéran en 1907 et son corps repose au cimetière de Doulab.Le deuxième est Ali Muhammad Isfahani, le potier le mieux connu de la seconde moitié du 19e siècle. C’est à Ispahan, d’où il est natif qu’Ali Muhammad débute son métier. Son travail suscite l’intérêt de Robert Murdoch Smith (1935-1900), qui, après une carrière au Département indo-européen du télégraphe en Iran, devient directeur du musée des sciences et des arts d'Édimbourg (aujourd'hui musée national d'Écosse). Ce dernier lui passe en 1884 une commande de panneaux de céramique pour le South Kensington Museum de Londres (aujourd’hui le Victoria and Albert Museum). Ali Muhammad quitte alors Ispahan pour Téhéran et s’installe dans le quartier des potiers situé au sud de la ville, au-delà de la porte Shah Abdul Azim. En 1888, à la demande de Robert Murdoch Smith, Ali Muhammad rédige un traité technique sur l’art de la céramique en Iran : [رساله] دربارۀ ساخت ظروف مدرن کاشی / کاشی و ظروفou [Traité] sur la fabrication des carreaux et des vases en faïence modernes. Traduit en anglais à Edinburg, ce document est aujourd’hui une source de premier ordre pour qui s’intéresse à la chimie des arts du feu. Des œuvres portant la signature de Ali Muhammad sont conservées aujourd’hui dans des musées comme le Victoria and Albert Museum (Londres), le National Museum of Scotland (Edinbourg), mais aussi dans des collections particulières. De nombreuses pièces, non signées, lui sont également attribuées (ex. Horniman Museum).