Figure de dieu
Sculpture
- Classification : Sculpture
- Nom vernaculaire : munga dukna
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Salomon, îles – Temotu (province) – Santa Cruz (îles)
- Culture : Océanie – Polynésien
- Date : Fin du 18e siècle, début du 19e siècle
- Matériaux et techniques : Bois sculpté et patiné.
- Dimensions et poids : Complet: 41.5 × 11.5 × 16.5 cmSocle : 4,5 x 15 x 10,5 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2020.37.1
Description
Figure masculine monoxyle en pied dont la tête est prolongée à l'arrière par une excroissance figurant une coiffe appelée abe. Traces de curcuma.
Usage
Statuette cultuelle.Appartient à un groupe de 55 figures humaines recensées par William Davenport (56 en y incorporant la statuette du musée ayant appartenu à D.H. Kanhweiler).Le sujet le préoccupe de 1958 à 1976, mais le manuscrit de ses recherches est publié peu de temps après sa mort seulement par sa veuve Nancy (2005 ; il meurt en 2004).Elles proviennent toutes de Nendö, la plus grandes des îles de Santa Cruz, dans la province de Temotu au sud de l’archipel. La plupart des sculptures ont été collectées dans le nord de Nendo, là où on trouve les ports naturels les plus praticables pour des embarcations européennes. C'est aussi la partie la plus peuplée de l'île.On les appelle munga dukna (ou littéralement images de dieu)La plus importante collection se trouve à Londres (on y trouve 14 figures dont beaucoup proviennent de la collection Beasley).Certains des plus beaux se trouvent à Dunedin où ils ont été collectés par le révérend George West sans doute un peu avant 1930.Il en existe de deux types : la plupart se tiennent debout, tandis que seuls quatre (dont celui exposé au Pavillon des Sessions) se tiennent assis. Autrefois, ils étaient tous parés et habillés, mais aucun n'a conservé la totalité de ses ornements. Les danseurs (généralement des jeunes danseurs) incarnaient aussi ces dieux lorsqu'ils étaient entièrement parés. Parmi les éléments de parure, on note les pagnes masculins , les jupes de femmes, les ornements de poitrine (les kapkap qu'on appelle localement teima ) et les ornements de nez. On trouve aussi la chevelure tressée vers l'arrière, le fameux abe. Le dieu Melake est souvent décrit comme possédant cette coiffe (Davenport 2005:18). C'est le signe d'une position élevée dans la société (associée à l'âge).L'échelle peut varier puisque la plus haute mesure 120cm et la plus petite 9 cm. La plupart sont des représentations masculines, mais 4 sont des divinités féminines. On n'a jamais conservé le nom de la divinité. Certaines sont sculptées avec des représentations de requins ou des poissons et sur l'une d'entre elles, un serpent. C'est la présence de requins qui les a fait appeler des « shark gods » (Davenport 2005:22). On y projetait sans doute du curcuma, une plante sacrée. Davenport en décrit l'usage dans des cérémonies propitiatoires au cours desquelles on projetait du curcuma sur les crânes des ancêtres qu'on conservait à proximité des monnaies de plumes (Davenport 2005:38).Placées dans des « sacred storehouses » selon Davenport. Ces dernières possèdent parfois des décors en chevron qui rappellent les motifs sur les instruments de danse. Toujours selon Davenport, ces motifs sont en rapport avec des divinités dont ces motifs sont les représentations.Sur les conditions d'acquisition, il existe les notes publiées par Charles van den Broek (1939:121-130). Certaines œuvres sont faites pour les visiteurs, comme les trois sculptures faites pour Wilhelm Joest de Cologne qui passe commande de trois œuvres par l'intermédiaire de Forrest.Les rituelsLes habitants de Nendo possèdent deux types de pouvoir. Le premier, appelé matu, est propre aux activités humaines. Le second appelé malutu est propre aux dukna, aux dieux.On organisait un culte à ces dieux qui prenait la forme de prières ou de dons de nourriture (Davenport 2005:35). Ces sculptures étaient placées sur de petits autels, soit dans les maisons individuelles (mabau), soit dans la maison des hommes (madai). On dessus, on suspend un bambou, à l'horizontale, qui permet d'accrocher des monnaies de plumes. On les y associait aussi avec des crânes d'ancêtres, comme le montre le dessin de Régine van den Broek. En effet, ces dieux jouent un rôle important dans le soutien qu'ils peuvent apporter à la carrière des hommes ainsi que celle de certaines femmes. Leur succès social se mesure en terme de grandes monnaies de plumes. Les dieux, comme certains ancêtres, communiquent avec les hommes par l’intermédiaire des rêves.L'ethnologue Felix Speiser a été un des témoins étrangers les plus anciens :« Dans quelques maisons des hommes, dans de petites niches sur les murs, j'ai vu de petites statuettes (une seule par maison), similaire à celle [que j'ai collectée] et qui étaient considérées comme sacrées et qu'on ne m'a pas autorisé à toucher » (ma traduction) ; (Speiser 1916:205-206 ; cité par Davenport 2005:36).On dit que les dieux ont établi leur résidence, leur lieu de danse dans la partie la plus à l'ouest de Nendo ; là où les hommes ne vont presque jamais et n'y établissent pas de résidence (Davenport 2005 : 37).