Structure apparente, structure invisible : l'ambivalence des pouvoirs chez les Lyéla du Burkina Faso
Texte imprimé
- Auteurs : Bamony Pierre ; Lallemand Suzanne ; Université Blaise Pascal ;
- Editeurs : [S.l.] [s.n.] ;
- Date d'édition : 2001
- Sujets : Géographie humaine -- Burkina Faso -- Thèses et écrits académiques, Burkina Faso -- Civilisation -- Thèses et écrits académiques, Burkina Faso
- Autre(s) édition(s) : Des pouvoirs réels du sorcier africain
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 vol. (374 p.+ 9 f.), : Cartes, 30 cm
- Pays de publication : France
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. p. 240-241 ; Thèse de doctorat ; Anthropologie sociale et ethnologie ; Clermont-Ferrand 2 ; 2001
Résumé
La question (et c'est aussi le thème) qui traverse ces travaux, depuis plus de 20 ans, est la suivante : comment les Lyéla, rebelles à tout esprit de hiérarchie, d'organisation et de gouvernement politiques, parviennent-ils à se structurer, voire à fonctionner de façon cohérente ? Ce peuple du Burkina Faso connaît, aussi loin qu'on puisse remonter dans son histoire, une organisation sociale, plus exactement une structure ambivalente (apparente et invisible) et sans Etat ; du moins sans organisation politique fondée sur la hiérarchie, c'est-à-dire en référence à un roi ou un empereur. Les rapports entre les membres d'un même clan, tout autant que ceux des différents clans entre eux, dans le village et dans tout le Lyolo (entité régionale où le Lyélé sert de langue, laquelle comporte quelques nuances d'accentuation locale), obéissent à des normes intrinsèques difficiles à déceler d'emblée. Celles-ci fonctionnent de façon rigide dans l'assomption des rôles spécifiques des différents chefs (autorités morales ou/et 'politiques') dans chaque village-terroir et à l'intérieur de chaque clan. Telle est sa structure apparente. Chacune de ces autorités est à son tour guidée par une instance à la fois supérieure et sous-jacente aux lois traditionnelles ou Nia. Il s'agit, en l'occurence de la sorcellerie (Kialma ou Kialè) qui a ici le sens de loi fondamentale, de constitution non écrite dont l'efficacité, la généralité résident dans ses pratiques terrifiantes par la nature de ses jugements sans appel lorsque cette instance condamne tout délinquant à la mort, par exemple, voire dans sa prise de possession des esprits des membres de cet ensemble de clans. Au-delà de l'organisation sociale elle-même, c'est l'étude de cette instance, c'est-à-dire la structure invisible, sa compréhension et son explicitation, à travers son mode de fonctionnement, qui est l'objet de ces recherches ; The question and main theme throughout this work over the last 20 years, is the following : how have the Lyéla, absolute rebels against any form of hierarchy, organisation and political government, managed to structure themselves, even function in a coherent manner ? From time immemorial, this people of the Burkina Faso has only known a social organisation, or to be exact an ambivalent structure (apparent and invisible), without a State; or, at least, without a political organisation founded on a hierarchy, which is to say in reference to a king or an emperor. The relationships between the members of a same clan, like those between different clans, in the village and throughout Lyolo ( a regional entity where the Lyélé is the spoken language, and which includes certain nuances of local accentuation) follow intrinsic standards hard to perceive directly...