Ecritures, masques et voix : pour une poétique des chansons de Leonard Cohen et Bob Dylan
Bibliographie
- Auteurs : Lebold Christophe ; Maniez Claire ; Université Marc Bloch ;
- Editeurs : Lille Atelier national de reproduction des thèses ;
- Date d'édition : 2006
- Sujets : Cohen, Leonard -- Critique et interprétation, Dylan
- Langue(s) : Français
- Description matérielle : 2 microfiches, : Ill., 105 x 148 mm
- Pays de publication : France
- Collection (notice d'ensemble) : Lille-thèses, 47968,, 0294-1767
Notes
Publication autorisée par le jury ; Bibliogr. f. 468-487. Index ; Thèse de doctorat ; Langues vivantes ; Strasbourg 2 ; 2004
Résumé
La spécificité des plaisirs littéraires que proposent les chansons de Bob Dylan et de Leonard Cohen tient à la qualité poétique de leurs textes, mais aussi à la mise en voix de ces textes en performance, ainsi qu'à la théâtralité des jeux de masques qui sont au centre de deux œuvres largement auto-fictionnelles. Dès lors, à l'étude stylistique des paroles devra nécessairement s'ajouter une « poétique de la voix » et une analyse systématique des fonctionnements complexes des personae mises en place dans les chansons. L'approche textuelle étudie comment les deux auteurs repoussent les contraintes langagières imposées par la mise en musique jusqu'à mettre en place une écriture largement scriptible, tout en inventant des idiomes poétiques originaux à la croisée des traditions du blues, du psaume et du verbe visionnaire, prophétique et sapiential. Les voix sont abordées successivement comme des objets de plaisir, comme des instruments d'écriture rythmique avec lesquels les deux artistes remettent en jeu la partition du texte original, et finalement comme des signes complexes car Dylan et Cohen utilisent les traits saillants de leur timbre pour inscrire une vision du monde à la surface sonore des chansons. Enfin, autour des notions de persona, de posture/imposture et de doublure, l'étude des jeux de masques cherche comment les deux auteurs construisent et déconstruisent perpétuellement leur personnage publique dans une pratique du palimpseste identitaire qui débouche sur une forte ambiguïté tonale entre confession et mystification, lyrisme et ironie. Nous sommes ainsi amenés à une réévaluation de l'impact littéraire de l'objet chanson, laquelle ne peut être menée à bien sans garder à l'esprit le poids de la distinction savant/populaire et la problématique inévitable du statut culturel incertain de Dylan et de Cohen, respectivement passager clandestin et déserteur de la culture savante. ; This dissertation aims at assessing the specificity of the literary pleasures derived from the songs of Bob Dylan and Leonard Cohen. Their art can be defined as the locus of three overlapping writing activities : inherently poetical texts are performed and rhythmically re-written by the performer's voice, while the songs are used by both artists to « write themselves » through the creation of numerous and competing personae. Close reading of the lyrics must therefore be supplemented by a « poetics of the voice » and a detailed analysis of the theatrics of their games of masks. While the stylistic approach to the lyrics reveals a thrust towards writerly openness and blends oral traditions and high poetry into original poetic idioms, the aesthetic and semantic uses of the artists' voices are just as elaborate. Therefore, the voices will be approached, in turn, as objects of pleasure, as instruments of writing and as complex signs used for pathos and self-parody or to inscribe a world-view at the sonic surface of the songs. Drawing on highly conceptualised notions (persona, posture/imposture and doublure…), the study of the artists' various masks will isolate the mechanisms that allows them to perpetually construct and deconstruct their public image. These personal palimpsest of identities which constitutes the heart of their work fuel the songs' strong tonal ambiguity, merging confession and mystification, lyricism and irony. After thus establishing a specific poetics for the songwriters' work, we will be brought to re-assess the literary impact of popular songs. In the process, however, the cultural weight of the high/low distinction and the ambiguous cultural status of both artists will have to be kept in mind, Dylan and Cohen being — respectively — a stowaway in and a deserter of high culture.