Au bout de la route il y a un chemin, le dernier, un chemin envahi par la boue sibérienne en automne, et au bout de ce chemin, une immense forêt trempée et silencieuse, protégeant pudiquement ceux qui ont gagné leur dernier refuge auprès d’elle. Dans des hameaux qui s’effilochent tous les jours et qui finiront bien par disparaître, on rencontre des chasseurs, des ivrognes et des assassins à qui on peut parler. Il faut aller le plus loin possible, quitte à verser dans le fossé, pour voir ce qui fait l’homme. Il faut aller le plus loin possible, quitte à se perdre en forêt, pour voir ce que nous sommes.

De trois mois passés en compagnie d’un chasseur de zibelines, homme désespéré que la boisson a conduit en prison, Stéphane Breton a rempli des carnets de ses confidences, sur la base desquelles il a écrit un texte dit par Denis Lavant. De l’écart que produit cette voix immanente avec des images rugueuses de Sibérie du sud, dont elle semble sortir sans pour autant les commenter, naît la puissance évocatoire de ce film, comme son ambiguïté.