Frise sculptée et peinte marquant la base du triangle formée par la façade des maisons cérémonielles abelam. Les têtes, sculptées en très haut relief sont des représentations d'ancêtres individualisés. L'un d'entre eux porte la casquette à petite visière d'officier de police allemand.
Usage
Ce type de frise, appelée ("siège"), se trouvait à l'origine sur la façade de la maison cérémonielle , lieu dans lequel étaient présentées lors des initiations les images des ancêtres. Ces dernières sous formes de sculptures (), peintures et figures composites étaient considérées comme des manifestations physiques des entités ancestrales et des réceptacles temporaires de leurs pouvoirs.La façace de la kurabu est formée de deux parties. Une partie haute, constituée de stipes de palmier-sagoutiers aplatis, cousus sans raccords apparents. Cette immense surface (de 4 à 8 m de large et 8 à 12 m de haut) reçoit des peintures disposées en registres. La partie basse, fait d'un entrelacs de canis, possède une minuscule entrée, par où les jeunes initiés entraient en rampant dans la pour voir les images construites par leurs initateurs.Le marque la séparation entre les deux parties. Il presente souvent une séries de têtes sculptées (plus rarement de figures entières), peintes de manière similaires aux peintures portées par les initiés et les initiateurs lors des cérémonies de clôtures des initiations. On trouve parfois, comme sur celle-ci,des représentations de lézards, calaos et d'autres oiseaux, qui réfèrent à la présence des entités ancestrales. Cet exemplaire est particulièrement intéressant, possédant une tête coiffée d'une casquette, probablement inspirée de celle portée par les fonctionnaires de l'administration coloniale, ou voire d'un officier expatrié allemand.Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il semble très douteux que chaque tête puisse renvoyer à un ancêtre humain précis, ni même qu'elles puissent être une référence à un clan spécifique. Il s'agit plus probablement de la représentation d'un principe plus abstrait, d'unité, de soutien et de collaboration des differents entités/clans dans la transformation des inititiés en hommes accomplis qui est censée se dérouler à l'intérieur de la .Bien que cette frise n'ait aucun rôle architectonique, son nom, , est aussi celui à la structure en bois qui supporte le monticule dans lequel on fait pousser les ignames, et sous lequel les hommes doivent passer, lorsqu'il creusent un trou pour atteindre l'extremité du tubercule en train de pousser dans la terre et lui adminsitrer des substances magiques. C'est par ce type de similarité, plutôt que par un principe purement iconographique/iconologique, que l'on peut supposer que la frise "soutient" la , et que les inititiés doivent passer en dessous, pour "entrer dans l'espace sacré et puissant de la maison, pour y être transformer. Cette frise pourrait renforcer les analogies métaphoriques qui peuvent être faîtes entre la et le monticule ou poussent les ignames.(L.Coupaye, janvier 2009)