Peuples de toutes les nations
Objet
- Type d'objet : Objet
- Attribué à : Jô Girin (1779 - 1859) ;
- Géographie : Asie – Asie orientale – Japon
- Culture : Afrique – Arabe ; Asie – Coréen ; Europe – Européen ; Asie – Russe ; Asie – Turc ; Asie – Chinois ; Océanie – Indonésien ; Amérique – Amérindien
- Date : 1e moitié du XIXe siècle
- Matériaux et techniques : gouache sur papier
- Dimensions et poids : (boîte en bois): 7,6 × 31,9 × 8 cm(oeuvre enroulée): 27,3 × 723 cm(étiquette): 11,3 × 2 cmComposant (notice (6 feuillets)): 29,5 × 20,9 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2020.3.1.1-2
Description
Long de plus de 7 mètres, ce rouleau japonais est composé d’une succession de portraits et d’inscriptions. Il comporte la représentation de 39 groupes d’étrangers. La plupart des groupes représentés sont des couples, parfois accompagnés d’un enfant. Ils se distinguent par leur apparence physique (variation des carnations et des morphologies) et vestimentaire. Les inscriptions rattachées à chaque groupe permettent de les identifier : peuples entre autres de Chine, de Corée, du Tonkin, de Siam, d’Indonésie, des Philippines, de la péninsule arabique, de Perse, de Turquie, de Hollande, d’Espagne, du Portugal, d’Italie, d’Angleterre, de Russie, du Danemark, de Hongrie, d’Amérique du Sud et du Canada.
Usage
La curiosité du Japon pour l'Occident est le plus souvent associée à l’ère Meiji (1868-1912). Elle s'appuie pourtant sur des bases plus anciennes. L’art Nanban (milieu du XVIe siècle - milieu du XVIIe siècle) a vu s’épanouir de nombreuses représentations de commerçants et missionnaires venus d’Europe, notamment du Portugal. Des mappemondes produites à partir du XVIIe siècle au Japon, connues sous le nom de Bankoku sōzu, sont accompagnées de la figuration des peuples des différents pays du monde. Ces cartes sont attestées dès la première moitié du XVIIe siècle et différentes versions sont ensuite produites tout au long de la période d’Edo. De telles cartes s’inscrivent au carrefour d’influences européennes et asiatiques. Elles ouvrent la voie à la production d’ouvrages de géographie illustrée, comme le Shijūnikoku Jinbutsu Zusetsu (Bankoku Jinbutsu Zu) du géographe et astronome Nishikawa Joken (1720), comprenant 26 illustrations de groupes d’étrangers. La fin de l’époque d’Edo, avec l’ouverture des ports de l’archipel au commerce, voit la parution de tels ouvrages, comme le Gaiban yōbō zuga [Images des étrangers], une édition gravée en deux volumes éditée en 1855 par Tagawa Harumichi et illustré de 42 groupes d’étrangers par Kurata Tōgaku.Le rouleau peint représentant les peuples de toutes les nations est donc à situer dans cette filiation japonaise de représentation des peuples du monde, selon des typologies bien établies, mais avec des variables d’interprétation assez grandes de la part de chaque artiste. L’attribution à Jô Girin (1779-1859) provient de la mention de ce patronyme dans le tapuscrit qui a dû être vendu avec le rouleau peint à l’ancien propriétaire de l’œuvre, Robert Rousset. Ce tapuscrit comporte une tentative de traduction en anglais des inscriptions du rouleau. Artiste actif à Nagasaki dans la première moitié du XIXe siècle, Jô Girin est très tôt intéressé par la représentation des étrangers.