Monnaie
Monnaies
- Classification : Monnaies
- Nom vernaculaire : Tevau
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Salomon, îles – Temotu (province) – Santa Cruz (îles) – Graciosa Bay
- Culture : -
- Date : début du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Plumes de pigeon, plumes de muzomela cardinalis, fibres d'hibiscus, écaille de tortue, écorce, coquilles dont ovula ovum, perles de verre
- Dimensions et poids : 85 x 36,5 x 5,5 cm, 4491 g
- Donateur : Régine de Ganay - van den Broek d'Obrenan ; Donateur : Monique de Ganay ; Donateur : Etienne de Ganay ; Donateur : Charles van den Broek d'Obrenan ;
- Collecte : La Korrigane ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Océanie) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1961.103.115
Description
Longue bande en fibre sur laquelle sont fixées des plumes. La longue bande en fibre d'hibiscus est faite de 4 cordons (les deux plus gros maintiennent les bords), sur lesquels de la fibre enroulée fixe des sortes d'écailles "landu" faites de plumes collées ensemble. Ces "landu" sont fabriqués avec des plumes de pigeon noir-verdâtre sur lesquelles on a fixé d'autres petites plumes rouge vif provenant de la tête et de la gorge du "muzomela cardinalis". Aux deux extrémités de la bande une plaquette d'écaille cousue maintient les derniers "landu", puis la fibre nattée se continue en pointe pour se terminer par une tresse. A ces tresses est attachée une bande d'écorce formant cercle ; c'est autour de ces cercles que l'on enroule les deux côtés de la bande-monnaie. Des chaînettes de fins coquillages terminés par des petites ovules sont accrochées au centre et aux deux extrémités de la bande. Deux double-rubans de fibre sont attachés aux tresses qui terminent la monnaie.Cette monnaie dont la longueur avoisine les 10 mètre est constituée de fibres végétales tressées sur lesquelles sont collées des plumes rouges provenant de la tête et du torse de l'oiseau mâle mangia.
Usage
"Fabrication - Lorsqu'on désirait avoir un rouleau de Tau, on devait se procurer les plumes nécessaires ; le muzomela cardinalis était attrapé au moyen de glue provenant d'une huître. Trois des plumes étaient portées à des spécialistes qui fabriquaient les landu. Un premier artisan collait ensemble avec de la gomme de mûrier les plumes de pigeon. Un autre spécialiste fixait dessus les minces plumes rouges. Ces deux artisans recevaient un salaire pour leur travail. Les landu étaient alors portés au fabricant de monnaie. La bande était commencée par le centre et la partie déjà fabriquée enroulée sur un tronc. L'extrémité libre des quatre cordons étant fixée sur un bâton, on maintenait l'écartement des deux gros cordons par un petit os de chauve-souris, dont la largeur variait selon la dimension que l'on voulait donner à la monnaie. Chaque landu était fixé par sa base sur les quatre cordons par un enroulement de fibre. Le nombre de landu pouvait dépasser 1000 et requérir de 400 à 1000 oiseaux. La fabrication de la bande de monnaie devait aussi être payée à l'artisan. L'art de faire des rouleaux de monnaie appartient généralement à certaines familles et se transmet de père en fils Toutefois, on peut, moyennant paiement et exécution de rîtes magiques, être initié à cette fabrication. Il est probable que la monnaie de plumes, quoique, très ancienne déjà, a dû remplacer la monnaie de coquillages. Elle n'est plus fabriquée que par quelques indigènes de l'intérieur qui, en 1932, en produisaient moins de 20 par an. La valeur du rouleau de monnaie variait selon l'éclat des plumes, sa largeur et son état. Il y avait jadis onze degrés dans la largeur; la monnaie présentée est probablement du deuxième degré mar li. Ces rouleaux de monnaie précieusement enveloppés étaient, soit gardés dans un édicule construit dans la brousse à cet effet, soit placés sur une étagère dans la case avec un feu au dessus pour écarter les insectes. Elle aurait été inventée par un ancêtre, le tailleur de haches Metali. Cette monnaie de grande valeur servait principalement à acheter des canots de haute-mer, ou bien une épousé, ou encore racheter une faute. Elle était parfois offerte au dieu requin. La coutume voulait jadis qu'un visiteur dépose chez son hôte un rouleau de monnaie comme garant de l'hospitalité qu'il offrait en retour ; l'hôte était tenu, lors de sa visite, à rapporter la monnaie de celui qui l'avait déposée chez lui. On mettait également ces rouleaux sur les tombes. Si la monnaie était, généralement présentée enroulée en deux cercles symétriques, dans les cérémonies où l'on exposait sa richesse, elle était enroulée en spirales le long d'un gros bambou. Cette monnaie qui était le bien le plus précieux, avait une valeur religieuse ; on en retrouve ici le caractère sacré de la plume rouge et de la ceinture dont elle est sans doute dérivée comme semble démontrer la terminaison des extrémités du rouleau."Fiche rédigée par les services du musée de l'Homme, novembre 1952.