Poupée
Objet
- Classification : Objet
- Géographie : Afrique – Afrique orientale – Comores – Anjouan
- Culture : Afrique – Anjouanais
- Date : avant 1969
- Matériaux et techniques : Bois, coton, plastique, argent, soie, verre, fer.Tissu, dentelle, papier d'argent
- Dimensions et poids : 57 x 35 x 5 cm, 511 g
- Donateur : Mme Rouquette ;
- Précédente collection : Musée de l'Homme (Madagascar - Océan Indien) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1969.65.1
Description
Bois recouvert de tissu, chiffons bariolés, matières décoratives diverses. Corps fait d'une planchette de bois, bras en croix, cou très long, jambes : simples baguettes cylindriques gainées de tissu rouge et orange. Visage aveugle, sans yeux ni bouche, formé d'un prisme de bois triangulaire recouvert de tissu blanc, avec "perle de narine" sur le côté gauche. Parure somptueuse d'une princesse comorienne.Coiffure : composée de deux gros macarons (coussinets recouverts de tissu de coton noir) ; décor de rosaces en perles dorées cousues sur du papaier, de barettes en plastique de couleur ; diadème en papier d'argent égayé de paillettes de couleur ; diadème en papier métallisé ; visage encadré de deux longues perles vertes ; long voile en dentelle blanche, fixé derrière la tête.Costume (de mariée) : ample et longue robe faite de bandes superposées de tissus et de dentelle ; ornée d'application en papier métallisé : coeurs verts et rosace "or roux". Sous la jupe : quatre jupons en toile de coton rouge et noire à fleurs blanches. Chaussures de soie verte.Bijoux et ornements : boucles d'oreilles formées de deux pailettes roses, carrées ; long et large collier à multiples rangs de perles de verre doré, avec quelques perles de corail fixées au corsage : chaîne de métal et "éventails" en papier d'argent ; bracelets en perles jaunes, dorées et roses (imitation corail) ; anneaux de chevilles en fer blanc imitant l'argent.
Usage
Fabrication locale. Jouet pour filette : mariages de poupées. Confectionnée par les grandes soeurs ou les mamans.Cette poupée représente une mariée comorienne, sans doute originaire d'Anjouan. Elle est parée pour les fêtes qui se dérouleront à l'occasion du "hungia-ndrani" ("fête de l'entrée"), et du "hulawa-mwendze" ("jour de la sortie"), ayant lieu le premier et deuxième vendredi de la célébration du mariage, celui-ci s'étalant sur plusieurs jours.Les principales étapes de la cérémonie du mariage ayant déjà eu lieu (y compris celle de la consommation du mariage), si la jeune fille est reconnue vierge, elle reçoit en compensation de son mari, tous les bijoux traditionnels qui participent à cet évènement :- trois à cinq bracelets- un ornement de nez ("shipini")- une paire de boucles d'oreilles ("magumba") ayant souvent la forme d'une étoile- des barettes ("ntsana-ya dhahabu") recouvertes de feuilles d'or- un bandeau frontal, ou sorte de diadème- des bracelets de chevilles ("béré")Les trois derniers éléments sont tombés en désuétude ces dernières années. Tous ces bijoux varient en nombre et en qualité selon la fortune du marié. S'il est riche, il complètera cet ensemble par des colliers, des chaînes, des bagues. Pour donner plus d'apparat à la cérémonie, la mariée peut emprunter des bijoux à sa mère.La poupée porte la coiffure spécifique des mariées ainsi que le maquillage traditionnel à la base de crème jaunâtre obtenue en mélangeant de la poudre de bois de santal et des parfums. Elle est couverte du grand voile ("shiromani") dans lequel elle s'enveloppe ne laissant voir que les yeux. Il est généralement choisi dans une étoffe à fond rouge et motifs blancs.Ces poupées sont élaborées par les femmes de la famille de la fiancée. Elles interviennent lors de la fête du "Razaha" ou "Rasia" qui a lieu le premier vendredi du cours de la célébration des fêtes des épousailles. Ces poupées sont au nombre de quatre, et sont fixées aux quatre angles de la plus belle chaise à accoudoirs de la famille.L'une d'entre elles, la plus belle et la plus grande, représenterait la mariée. Les trois autres, plus petites seraient les servantes attachées à sa personne ou ses esclaves.Le jour "hungia-ndrani", le marié précédé par les jeunes-gens de la même classe d'âge, viennent chercher en cortège les poupées. Puis ils les transportent en grande pompe jusqu'à la place du village où ils dansent et chantent autour de la chaise. A la fin de la journée, le marié découvre pour la première fois, la maison de sa femme où il devra vivre désormais.Les mariages se déroulent en grande partie sur les lieux publics où toute la communauté peut aisément y participer ; c'est pourquoi ils ont lieu à la belle saison, au mois d'août.(D'après entretien avec Mr Chamanga)